Le combat ne prend que cinq ou six minutes, les dernières du film. Ce n'est finalement ni l'affrontement entre Clément (Trintignant, émouvant de jeunesse) et sa victime (le député de Paris, Maurice Garrel), ni celui entre Clément et son gourou, Serge. C'est l'ultime face-à-face entre Clément et Paul, son camarade de classe et "frère de sang" de jadis. C'est un combat d'enfants grandis trop vite (Clément), touchant dans son déroulement comme dans sa puérilité et sa gravité dérisoire. Une séquence retient mon attention, qui résume en deux mouvements ce qui deviendra plus tard le "road-movie" et son rôle initiatique : Paul et Anne (Romy Schneider) partent en voiture; on apprend en route que leur destination est la Suisse, puis, alors qu'inexplicablement s'installe entre eux le silence et une tension certaine, on apprend (jamais explicitement) qu'ils y vont pour que Anne se fasse avorter; Paul y est opposé. Finalement, ils se querellent et, cherchant refuge dans un restoroute, Anne donne raison à Paul, et tous les deux repartent. Remarquable. J'aime beaucoup cette pudeur caractéristique de la démarche de Cavalier, de son ambiguïté et de ses ellipses (telle celle-ci : on ne sait pas pourquoi Paul, qui semble beaucoup tenir à la pièce écrite par sa défunte épouse, Dominique, n'assiste jamais aux répétitions ni à la générale du spectacle, après avoir offert le rôle à Anne qu'il aime). Dès ce premier film, Cavalier s'avère un cinéaste à suivre de très près.