Critique(s)/Commentaire(s) de ELIE ELIE

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  • HÔTEL DES AMÉRIQUES (1981)
    Tiens, Josiane Balasko porte déjà son prénom de "Plus belle que toi" ! Et déjà ici, "femme ordinaire" (que je n'emploie pas ici à titre péjoratif), elle voit croiser son chemin une "femme hors du commun", en l'occurence Catherine Deneuve. Film fluide (ondoyant), romantique (au sens le plus littéraire du terme), "HOTEL DES AMERIQUES" a beaucoup pour séduire, et avant tout son couple d'affiche (Dewaere-Deneuve). C'est aussi, cependant, une histoire grise, pas particulierement propre à soulever les passions. Juste un peu de mélancolie.
  • L'AMI DE MON AMIE (1987)
    Il y a l'idiote (Emmanuelle Chaulet, dans un rôle qui irait comme un gant à Marie Rivière), la menteuse (Sophie Renoir, charme et futilité), l'indépendante (la merveilleuse Anne-Laure Meury), les mecs (de service) et Cergy-Pontoise. En fait, le film est une pub pour Cergy-Pontoise et pour les villes nouvelles en général. C'est aussi son principal attrait et intérêt : un tel environnement (ou paysage urbain) est un décor de cinéma (et un témoignage d'époque) trop rarement utilisé. Quant aux personnages (et à "l'intrigue"), on assiste aux chassés-croisés et aux bavardages habituels de Rohmer. La caméra est devenue plus baladeuse, cependant : plans de coupe du public bigarré de la piscine, comme dans LE RAYON VERT celui de la plage. A part cela, il n'y a rien de neuf, c'est tantôt charmant, tantôt navrant, on mélange les couleurs comme les couples. Le jeu des tee-shirts vert et bleu dans la dernière scène entre les quatre est à ce point évocatrice. Comme à chaque fois, on peut se demander si le regard de Rohmer est de pure cruauté (auquel cas ses personnages ne seraient que pantins de démonstration du Ridicule) ou s'il adhère réellement au discours de ses personnages, auquel cas la mièvrerie ne serait plus l'objet du message, mais le message lui-même.
  • L'EXTRAVAGANT MONSIEUR DEEDS (1936)
    Capra ou l'angélisme élevé au rang d'institution. Pour ma part, Capra l'équivalent américano-cinématographique de notre comtesse de Ségur, née Rostopchine me laisse plus qu'indifférent. Je n'aime pas le rose et les bons sentiments m'horripilent. Quant aux gags, ils sont aussi plats que les plaines du Nebraska et lorsque l'on songe à Lubitsch et Wilder, Capra fait vraiment riquiqui. Enfin, je ne veux pas généraliser pour toute l'oeuvre"capraienne", mais DEEDS en est la quintessence. Et jamais Gary Cooper et Jean Arthur n'auront été plus touchants-charmants, c'est tout dire...
  • VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER (1978)
    Le sujet du film de Cimino est moins la guerre du Viet-Nam proprement dite que ses séquelles. La guerre, essentiellement concentrée dans le "huis-clos" de la roulette russe sur le fleuve, dans la déambulation nocturne de Nick et dans le retour de Mike à Saïgon, ne prend que le quart du temps total du film. L'objet de Cimino est la vie communautaire (ce qui nous vaut des séquences ethnologiques toute la première heure du film). Une vie communautaire vue à la fois du point de vue du groupe et de celui de l'individu, et qui va accuser le coup pour ce qui arrivera à ses "héros". Le film est certes passionnant (que ce soit pour son rythme ou pour ses acteurs, tous magnifiques, seconds rôles compris), mais Cimino reste un cinéaste essentiellement réactionnaire ("God bless América, from the mountains to the prairies, etc. " qui vient conclure le film) pour qui le comble de la déchéance américaine a été cette pathétique roulette russe devant un parterre de Viets grimaçants. Un film admirable pour sa conduite, détestable pour son idéologie.
  • LA SOURIS QUI RUGISSAIT (1959)
    Fifties, guerre froide et parano des bombes suprêmes (A et H). LA SOURIS QUI RUGISSAIT est un pied-de-nez savoureux à cette conjoncture et à cet état d'esprit. Sont ainsi épinglés l'hypocrisie des relations internationales comme la peur des extra-terrestres aux USA et les exercices d'alerte anti-attaque aérienne. Avec comme maître de cérémonies un Peter Sellers irrésistiblement pince-sans-rire (et qui joue trois rôles simultanément : celui de la reine, du premier ministre et du chef de l'armée) et de Jean Seberg, adorable comme toujours.
  • L'EXORCISTE (1973)
    Ce qui explique le succès d'un film comme L'EXORCISTE, au-delà des effets spéciaux et de la terreur au premier degré, est me semble-t-il le fait que les gens s'identifient parfaitement à l'adorable petite fille soudain possédée. Tout le monde a peur de ses propres réactions dans une situation incontrôlée. Que dit-on lorsqu'on délire en pleine fièvre ? Que fait-on lorsqu'on est ivre ou sous l'influence de quelque produit ? Quels secrets libère-t-on alors inconsidérément ? Et qu'en garderont les autres, qui auront vu le spectacle ?
  • LES SENTIERS DE LA GLOIRE (1957)
    Le film, esthétiquement, fait bien plus vieux que son âge. Encore un exercice de style (réussi) de Stanley Kubrick. Le développement (trois soldats choisis par leurs supérieurs et qui doivent passer devant le peloton d'exécution) est très chrétien (je pense aux brigands entourant le Christ crucifié). A noter cette citation de Samuel Johnson, dite par Kirk Douglas : "Le patriotisme est l'ultime refuge de la canaille".
  • MAIS QUI A TUE HARRY ? (1956)
    Une petite merveille d'humour noir, mélange pervers de Thanatos et d'Eros, dont le seul défaut (et ceci n'est pas de l'humour noir) est de manquer de gros plans sur la ravissante Shirley Mac Laine. C'est sans doute un des films de Hitchcock qui ont le mieux résisté à la patine du temps ...
  • LE MAITRE D'ÉCOLE (1981)
    Film mineur d'un Claude Berri qui ne pensait pas encore aux superproductions. De par son sujet, son traitement (les dialogues comme les petits gags sont bons, jamais vulgaires, comme ce n'est que trop souvent le cas dans la comédie franchouillarde) et ses personnages (les enfants, Balasko, mais surtout Coluche, tendre et affectueux), le film est sympathique et emprunt d'une douceur qui fait un peu défaut sur les écrans. Cela étant, le film est très marqué "fin des années 7O". Partant, il risque fatalement de "vieillir" assez mal. Ce qui le placera un jour dans la catégorie des curiosités où il ne sera pas en mauvaise compagnie.
  • CAP CANAILLE (1982)
    Juliet Berto passe son temps à changer de tenue (des juste-au-corps tour à tour bleu, rouge, vert, blanc, etc. ) et on s'amuse à les regarder passer (et occasionnellement retirer), tout au long d'un film prévisible et sans passion. Décidement mineur, le film a pour atout principal son thème : les incendies de forêt criminels. Ce qui lui confère, tous les dix-douze mois, une actualité... brûlante.
  • RENDEZ-VOUS (1940)
    Ah, voilà une comédie qui met d'excellente humeur ! Mais a y regarder de plus près, elle est plus cruelle que charmante. Les relations hommes-femmes y sont bien peu idylliques, et même si le couple se retrouve à la fin, on peu leur prédire sans peine quelques altercations conjugales bien senties (tous deux nous ont amplement prouvé en avoir et le goût et le punch). Comme les bons films de cette période à Hollywood, tous les seconds rôles sont parfaits, tout particulièrement la figure àla Groucho Marx qui interprète Monsieur Pirovitch. Une comédie sympathique, bercée par un doux rêve d'ascension sociale (sans doute vain)...
  • VOUS NE L'EMPORTEREZ PAS AVEC VOUS (1938)
    "L'argent ne fait pas le bonheur" ca va, on a compris. Capra s'est mis en tête d'illustrer cette morale hautement originale. Et les bons sentiments, il en fait tellement que çà en devient caricatural. Surtout avec ce pauvre James Stewart, qui a vraiment l'air d'un débile mental, ballotté comme une girouette. Capra n'est même pas de bonne foi : lorsque le grand-père Vanderhof, qui avait auparavant promis son aide à ses voisins menacés d'expulsion (seule sa résistance leur permet de rester), lorsque Vanderhof, donc, prend la décision de vendre et est même le premier à déménager, Capra évacue cette trahison comme si de rien n'était. Quant au couple de Noirs, le rôle qui leur est dévolu fait plus que friser le racisme : la femme est une bonne-à-tout faire et basta, l'homme se complaît dans la paresse, le farniente et la satisfaction d'être un "assisté" (sic). Seules deux scènes se démarquent par un incontestable brio : celle du restaurant et la visite impromptue des Kirby au domicile des Vanderhof. Le film doit beaucoup aux deux patriarches : Lionel Barrymore (Kirby) et Edward Arnold (Vanderhof).
  • TCHAO PANTIN (1983)
    Claude Berri est un cinéaste rigoureux, et il le prouve. Dans TCHAO PANTIN, il n'y a aucun plan superflu. Tout est parfaitement maîtrisé (rythme, cadrages, action, dialogues, lumière et zones d'ombre) pour mener cette superbe histoire à son but : le coeur du spectateur. Vecteurs de l'émotion, les acteurs sont magnifiques de véracité. Coluche, notamment, dans un rôle inoubliable, mais aussi les deux jeunes révélations "craquantes" : Richard Anconina et Agnès Soral.
  • L'HOMME QUE J'AI TUÉ (1931)
    On a beau dire "film grave, etc", c'est quand même un florilège d'humour comme seul Lubitsch sait en composer. Les dialogues sont succulent, et d'ailleurs pas toujours necessaires, comme dans cette sequence où les clochettes accompagnent la promenade du jeune couple, indiquant le cortège de ragots qui s'étend sur la liaison "scandaleuse". La grande maîtrise des dialogues est d'autant plus remarquables qu'on en était alors aux premiers pas du parlant, et que la tentation "d'en faire trop" était grande. D'ailleurs, le jeu des acteurs garde encore l'outrance et la théâtralité du muet, notamment celui de Lionel Barrymore.
  • LES LUMIERES DE LA VILLE (1931)
    Déçus du cinéma d'aujourd'hui, on ne peut que revenir à Chaplin, encore et toujours. Et quel merveilleux film que "Les lumières de la ville", de la première séquence (le dévoilement de la statue sous la tenture, les officiels découvrent le clochard...) à la dernière image, peut-être l'une des plus belles de l'histoire du cinéma, Charlot la rose à la bouche, à la vue de l'ex-aveugle maintenant guérie et qui reconnaît en lui son bienfaiteur de naguère. Rien qu'en évoquant cette image, j'ai déjà les larmes aux yeux, c'est dire...
  • CRÉATURES CÉLESTES (1994)
    Côté esthétique, Jane Campion a fait école, au moins en Nouvelle-Zélande. Œuvre très riche, même luxuriante, "Heavenly creatures" laisse néanmoins un arrière-goût pas forcement agréable. A cause de sa dureté, de l'inéluctabilité de son dénouement. A ne pas mettre entre toutes les mains, assurément.
  • SONATINE (1992)
    Magnifique ! Le film d'un prince ! Un désespoir tranquille. Et définitif. Beaucoup de choses drolatiques dans les gamineries de Murakawa (le yakuza désabusé, personnage principal du film) et de ses hommes, qui noient leur attente (de Godot ?) dans des blagues à la Buster Keaton. La fin, enfin, est bouleversante : cette femme qui attend, et l'homme qui se tue. Beauté de l'espérance et noire splendeur du désespoir.
  • CARNET DE NOTES SUR VÊTEMENTS ET VILLES (1989)
    Nonchalant (easy going) et curieux de tout, Wenders est égal à lui même, dans les documentaires de commande (comme celui-ci) comme dans ses œuvres plus ambitieuses, dans ses interventions télévisées (déclarations de festivals) comme dans ses choix de président de jury. Wim Wenders est le cinéaste des années 90 comme il fut l'un de ceux qui marquèrent (chris) la précédente. (et oui, justement, que devient Chris Marker, d'ailleurs grand ami de Wim Wenders ?) et quand Wenders fait un (petit) film sur la mode, il est encore plus mode que d'habitude. Car, il faut bien le dire, Wenders est un cinéaste "mode".
  • LA GUERRE DU FEU (1981)
    En ce qui concerne les fameux dialogues du film, dits dans un "langage" inventé pour la circonstance par Anthony Burgess et constitués de grognements et autres halètements primitifs, ce n'est pas la première fois qu'un cinéaste y a recours pour ce genre de films, comme l'annonçaient les médias à sa sortie. C'était aussi le cas pour "Creatures the world forgot", réalisé en 1970 par Don Chaffey. Le film est assez médiocre, mais comporte quelques scènes joliment assemblées avec une intéressante expérience de montage.
  • SOUVENIRS D'EN FRANCE (1974)
    Téchiné, certainement, n'aurait pas dédaigné un budget quatre ou cinq fois à celui dont il a disposé pour ce deuxième film : il nous aurait pondu une de ces sagas épiques ou aurait trouvé épanouissement son penchant romanesque. Au lieu de cela, nous n'en avons qu'une ébauche, avec un alibi "Art et Essai" : l'intention d'en finir avec un style. On se recycle comme on peut. Il faut cependant rendre à César ce qui lui est dû, et convenir que Téchiné, comme il le démontrait dès son tout premier film, filmé à merveille les actrices (ici Jeanne Moreau, mais aussi Hélène Surgère, alors qu'à Marie France Pisier était dévolue le rôle, qu'on ne lui connait que trop bien, hélas parce qu'elle mérite mieux, d'emmerdeuse snob). Donc les femmes(d'emmerdeuse snob) et çà c'est bien. Et c'est même la seule chose qu'il faut retenir du cinéma de Téchiné, de "Paulina" aux "Innocents".