Critique(s)/Commentaire(s) de D.W. GRAPHITE

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  • ÉTROITE SURVEILLANCE (1987)
    Voilà un polar bien sympathique qui sait ce qu'humour veut dire ... un parfait dosage de drôlerie, d'action et de suspense en font un thriller aussi trépidant que malicieux . Madeleine Stowe, la surveillée, est vraiment craquante. quant à Richard Dreyfuss, le vaillant surveillant, il est irrésistible ...
  • BLUE JEAN COP (1987)
    Certains scénaristes ont vraiment un culot monstre. En l'occurrence, l'auteur de cette histoire, tellement tirée par les cheveux qu'on en reste abasourdi. Erreurs élémentaires et invraisemblances flagrantes se succèdent et s'entrechoquent à un rythme ahurissant ... Autrement, cette "cop-story" est mouvementée à souhait (avis aux amateurs) et souvent fort adroitement filmée. Elle vaut certainement plus par ses cascades et carambolages que par son intrigue ... Mais n'est-ce pas justement ce que l'on attend ?
  • UN ZOO LA NUIT (1987)
    Le père, le fils et les mauvais esprits, pas évident, ce film canadien très noir, violent et cruel, physique(ment) et surtout psychiquement ... On en sort vraiment secoué, malmené ... du moins pour ceux qui tiennent jusqu'au bout ... Le réalisateur ne fait pas dans la simplicité (ni dans la fine dentelle par ailleurs) son film prend deux directions très différentes : le Marcel loubard chez les gangsters, séquences très S. M. et le Marcel filial qui retrouve son père, scènes d'une grande émotion. Le zoo est glauque, le zoo est lyrique ....
  • MATADOR (1985)
    "Je t'aime plus que ma propre mort" dit la tueuse au tueur ... le film de Pedro Almodovar est tout entier à l'image de cette confession : morbide, cynique, passionnel, obsessionnel. une magnifique corrida et une très curieuse histoire de visions et d'ambiguité ou le brûlant cotoie le glacial ... "Matador" est sans doute un des films les plus originaux du moment, fer de lance du cinéma le plus innovateur du moment ...
  • RANDONNEE POUR UN TUEUR (1987)
    Pas si vétéran que cela, Pépé Poitier, qui escalade allègrement façades et parois pour hommes-araignées, court, saute, plonge ... Il maîtrise parfaitement la situation (en duo avec un Tom Berenger étonnant, lui si "urbain" dans "Traquée", le revoici en parfait montagnard) et arbore avec superbe un air dégoûté, comme lui seul sait faire. Dans ce thriller bien ficelé et sans le moindre moment de répit, les deux hommes sont embarqués dans une poursuite implacable, intense, qui emporte le spectateur loin des sentiers battus.
  • LA TRAVESTIE (1987)
    Qu’est-ce que c'est triste ! et dire qu'un film aussi lugubre sort en plein été, il y en a qui ont le sens du paradoxe. , . avec en prime, une réalisation lourdingue d'un Yves Boisset vraiment pas au meilleur de sa forme, qui réussit seulement à amocher Zabou, contre toute attente ... un beau ratage.
  • ENVOYEZ LES VIOLONS (1988)
    Il ne s'agit pas de violon, mais plutôt de flûte traversière, dans ce divertissement fort sympathique, plein de charme (le sourire irradiant d'Anconina et le regard d'Anémone n'y sont pas étrangers) bourré de clins d'œil. Il n'y a rien a redire -sauf peut-être une certaine répétitivité, mais comment faire autrement ? On passe un excellent moment ... avec en prime, un Galabru absolument phénoménal, comme d'habitude ...
  • FLIC OU ZOMBIE (1988)
    Un flic n'est jamais aussi efficace qu'une fois tué ... et ressuscité, on le sait bien. Alors, il y a la manière "Robocop" et il y a la méthode "zombie" et celle-ci si l'on en juge à ce qui arrive a l'inspecteur Roger Mortis (sic) et à son collègue Doug, est aussi redoutable qu'absolument décapante joyeusement morbide, ce film est l'oeuvre la plus horriblement drôle de l'année.
  • L'INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE (1987)
    Du livre miraculeux de Milan Kundera, Philip Kaufman a réussi à tirer un film tout aussi miraculeux. Même s'il a pris quelques libertés avec le roman original. Ponctué de superbes gros plans (et quels formidables acteurs ! ), "L'insoutenable légèreté" est un moment d'émotion d'une grande intensité, inoubliable. Et ses séquences "d'actualités intégrées" sont d'anthologie. L'indispensable "légèreté" du cinéma.
  • LA SORCIERE (1988)
    Une histoire bien nébuleuse, qui ne sert finalement que de prétexte aux fantasmes de Bellochio ... Apparemment, il a été lui-même tellement impressionné par la plastique de Béatrice Dalle qu’il en a complètement -mais alors complètement- oublié les fils de l'histoire ... Evaporée dans les rêves d'une nuit des Walpurgis ... Seuls les fans de Béatrice Dalle ont de quoi se régaler. Leur sorcière préférée leur est quasiment servie sur un plateau, sans feuille de vigne. Bien maigre consolation.
  • LA MERIDIENNE (1987)
    Voilà un "petit" film qu'il ne faudrait pas laisser passer ... Dans la lignée de Rohmer et de Truffaut, une oeuvre pleine de charme et de grâce, d'une douce légèreté. Le choix des acteurs (tous quasiment inconnus) est judicieux. Une mention spéciale notamment pour Kristin Scott Thomas. Un délice ...
  • MILAGRO (1987)
    On connait l'engagement politique de Robert Redford. Le thème de son film n'a donc rien de surprenant... "Milagro" est une oeuvre humaniste qui insiste sur les rapports de l'homme à sa terre et à ses racines, un hymne à la culture latino-américaine qui imprègne si fort le sud des Etats-Unis ... Ce qu'il y a d'étonnant, en revanche, c'est la forme. Des superbes images viennent ponctuer un récit où l'étrange se mêle au réalisme, où dans la rudesse de la mêlée la caméra garde une tendresse constante ...
  • CHOCOLAT (1987)
    Sous l'apparence d'un film paisible, voire nonchalant, Claire Denis signe une oeuvre délicate et dense, où les personnages s'expriment plus par les regards que par les mots, rapports de connivence et d'ambiguïté et ambiance d'empire finissant. Chronique d'un petit bout de France coloniale dans une Afrique aride, brûlante, majestueuse, "Chocolat" est une oeuvre de tensions (et de tentations) diffuses comme Isaach de Bankole, il faut y rester à l'affût ...
  • EL DORADO (1987)
    Vous croyez connaître Aguirre le fou ? Et bien vous étiez dans l'erreur ? Vous le voyiez mégalomane, cruel, paranoïaque ? Vous avez tout faux. Klaus Kinski et Werner Hertzog étaient des imposteurs. Carlos Saura, lui, le sait : Don Lope de Aguirre était un prince de la liberté, son avènement sanglant lors de cette excursion sylvestre pour « El Dorado » la suite logique d'une implacable lutte pour le pouvoir entre les officiers de la troupe ....
  • DE SABLE ET DE SANG (1987)
    L'histoire d'une fascination. La fascination de deux hommes pour la peur, celle qu'ils ont devant la mort et celle qu'ils ont devant la vie. L'histoire de leur attraction/répulsion pour l'Espagne ou seulement ils pourront exorciser leurs démons. Une histoire qui aurait pu séduire mais qui hélas s'enlise dans la théâtralité, le statisme de la caméra, la grandiloquence du propos. A l'opposé de Kundera (sinon d'Almodovar) c'est ici l'insoutenable pesanteur de l'être.
  • JAUNE REVOLVER (1987)
    Olivier Langlois est passé de bien peu à coté d'une oeuvre de première ..... C'est bien dommage. car on sent bien que son projet est d'ambition, que son idée est de faire un film "marquant" genre "Mauvais sang" tout y concourt, d'abord les personnages, les couleurs, le rythme, les dialogues. Mais le scénario se perd ensuite dans un dédale inexprimable ... Vraiment dommage, car "Jaune revolver" contient beaucoup de très bonnes choses. A remarquer tout particulièrement une jeune actrice qui fera certainement des étincelles : Laura Favali.
  • CRY FREEDOM (1987)
    Le générique de fin illustre parfaitement le paradoxe du "Cri de la liberté" : une oeuvre de fiction, aussi bien intentionnée soit-elle, ne vaut pas la force d'émotion que peuvent donner des images de la réalité, fussent-elles brèves et censurées. Ce cri anti-apartheid est finalement surtout une certaine vision de Blancs qui "découvrent", "prennent" conscience" de l'iniquité fondamentale de leur système. Le film est généreux, mais son regard reste limité ...
  • L'ENFANCE DE L'ART (1988)
    Ah ! Ah ! Que c'est beau la jeunesse ... Comme çà sait si bien s'entredéchirer, comme çà sait si bien évoluer entre clichés et lieux communs, comme elle sait si bien alterner le niais et le pathétique ... Non, vraiment, c'est un bien mauvais film que celui-ci, de ceux que l'on s'étonne de voir produire encore, lourd, niais (je confirme) d'une lumière douteuse et filmé comme un pied. Girod ferait bien de retourner a ses chères études, ou plutôt de ne pas prendre de caméra lorsqu'il s'amuse avec ses élèves du conservatoire ...
  • GOOD MORNING VIETNAM (1987)
    Une très plaisant one man show. Humour à gogo. Incontestablement une réussite dans la comédie de guerre. En quelques sortes un second MASH. Ernst Stavro Blofeld (02/10/88)Loin d'être une nième resucée de l'équipée US au Vietnam, le film de Barry Levinson est à la fois émouvant, fort et furieusement hilarant (et quel rythme) qui ne veut rien escamoter d'un conflit qui aura déchiré une génération. Les acteurs sont totalement dans le coup, notamment Robin Williams et Forest Whitaker qui confirme sa classe étonnante de "Bird" ...
  • COBRA VERDE (1986)
    Voici enfin l'opus 3 de la grande saga du duo Herzog-Kinski (après Aguirre et Fitzcarraldo). Et c'est un enchantement! Klaus Kinski en guerrier illuminé est inénarrable, inégalable sinon proverbial. Il se mélange à cette splendide terre d'Afrique avec un naturel d'enfer. Acteur prodigieux, récit fantastique, images fulgurantes et chorégraphies superbes, le nouveau film de Werner Herzog, cinéaste visionnaire, est de ces oeuvres qui défient le temps.
  • TRAQUEE (1987)
    Les attractions ne sont pas toujours fatales, mais les mères de famille sont décidément de vraies lionnes, dans les films américains 88, surtout lorsque leur flic de mari pousse sa mission un peu trop loin avec sa "protégée" ... Mais il n'y a pas de souci a se faire, le "message" social est clair : un flic du p'tit peuple et une lady "haut de gamme", çà n'a pas d'avenir. "Traquée" un film noir à l'eau de rose ...
  • LIAISON FATALE (1987)
    Non, non et non. Ce film est tout simplement scandaleux ! 1. Il est misogyne. Pire : il l'est insidieusement. 2. C'est la grosse leçon de morale. Reagan et le Vatican vont apprécier. 3. Cote suspense, c'est plutôt les grosses ficelles. Kitch ! 4. Quant au dénouement, je vous épargne les détails. Indigeste.
  • SAXO (1987)
    Très "série noire", le nouveau Zeitoun est digne de la grande, la très grande tradition du film noir. Tous les ingrédients y sont, de l'histoire un peu floue à l'anti-héros looser via la femme fatale (la magnifique Akosua Busia, une voix superbe et des yeux, my God ! ) et les fascinants personnages secondaires. Intéressant à noter, également : le film fait pendant à "Autour de minuit", dont ce serait le coté zone ...
  • LES BALEINES DU MOIS D'AOUT (1986)
    Un seul mot pour dire ce que j'ai ressenti à ce film formidable : le bonheur ! Tout simplement. Revoir Bette Davis, Lilian Gish et Vincent Price dans de si beaux rôles est un émerveillement continu et qui vous accompagne longtemps encore après la dernière image. Et dire que les aléas de la distribution ont failli nous priver de ce joyau (qui sort à Strasbourg cinq mois après Paris! ) j'en pleurerais de dépit ...
  • LA LUMIERE (1987)
    On ne peut que se laisser envoûter par cette oeuvre magique, belle et gracieuse comme une danse rituelle. On ne peut qu'être transporté au-delà du temps par cette oeuvre chaude et lancinante, légère comme un songe. Le film de Cisse est un conte merveilleux, pour tous ceux qui aiment l'imagination et l'ailleurs.
  • LES GENS DE DUBLIN (1987)
    Dernier film réalisé avant sa mort par John Huston, conscient de l'imminence de son départ, "les Gens de Dublin" est une oeuvre délicate, forte et sereine, belle dès les premières images et dont la douce mais profonde tourmente n'apparaît qu'aux abords du dénouement. Ce film bouleversant vient en apporter une nouvelle confirmation : la disparition de John Huston laissera un vide immense.
  • TOO MUCH (1987)
    D'abord une mise au point indispensable : ce n'est pas un film "mode", malgré le titre, ni un film "teenager", comme le laisserait croire la couleur rose bonbon de ce même titre. Souvent pétillant et fort sympathique, allant tantôt vers le comique, tantôt vers le dramatique, "Too much" est une critique bien sentie d'une sociéte britannique figée. Et Emily Lloyd, une découverte.
  • MA VIE DE CHIEN (1985)
    Ingemar 10 ans est un petit garçon à l'introspection active et à l'humour féroce. Il a déjà une devise : "il faut comparer", alors pour exorciser ses malheurs, il compare ... Parmi tous les films sur l'enfance (et on a eu la chance d'en voir beaucoup, ces derniers temps), celui-ci se démarque tout particulièrement par son regard sur le monde, la personnalité du petit Ingemar et la tendre folie de ses voisins. A voir d'urgence !
  • POUR UNE NUIT D'AMOUR (1988)
    Ah! qu'il est revigorant, l'air de la "Mitteleuropa" ... des personnages a la Bohumil Hrabal, un récit métaphorique pétaradant, un esprit coquin-coquin (quel est la vraie "cause", en fait la révolution ou le sexe ? ) et beaucoup de charme et de joliesse ... ce film mérite absolument le détour. Incontestablement, une grande réussite et une tonicité à toute épreuve.
  • ECLAIR DE LUNE (1987)
    Une comédie douce-amère, chaleureuse, rafraîchissante, sympathique ... des éléments que l'on retrouve que trop rarement dans ces néo-slapsticks qui sont devenus le lot courant de nos écrans. Les personnages sont attachants même "le moins amical" (le papa). Cher en particulier fait un numéro de première classe, dans un rôle taillé sur mesure et la chaleur qui se dégage du film doit certainement beaucoup à cette sympathique communauté sicilienne d'un New York familial et nocturne ...
  • SAMMY ET ROSIE S'ENVOIENT EN L'AIR (1987)
    La face férocement cradingue d'une Albion mise à rude épreuve. Et si Sammy et Rosie s'envoient en l'air, ce n'est pas forcément ensemble ...Incontestablement, Frears est devenu en trois films, LA référence en la matière pour toute vision originale d'une Grande-Bretagne où l'immobilisme et le chambardement font un couple aussi bizarre qu'indéniable. Il s'en dégage une poésie violente, une aura échevelée où les temps s'entrecroisent, où les générations s'entrechoquent, où les couleurs s'entrêmelent ...
  • AMSTERDAMNED (1987)
    Baignade interdite ... polar très efficace, mais somme toute plutôt conventionnel ... frissons garantis, action sans temps mort (mais avec morts en cascade) et rebondissements-chocs ... un peu plus d'humour, cependant, ne nous aurait pas fait de mal ... moment d'anthologie : une course-poursuite en hors-bord sur les canaux d'Amsterdam, qui en est encore secouée.
  • HOMEBOY (1987)
    Des histoires d'anti-héros, Mickey Rourke, çà le connait ... à chaque fois, il en fait des tonnes, coté interprétation -dans les excès, il laisse bien loin derrière les plus fidèles de la méthode. A ses cotés, il faut cependant remarquer un Christopher Walken étonnant ... mais là ou le film pèche le plus, c'est par le manque de rythme, le défaut de punch. Heureusement que la réalisation se rattrape par des images absolument superbes, d'une très grande pureté nocturne. Ah ! la nuit...
  • HISTOIRE DE GARÇONS ET DE FILLES (1989)
    Au milieu de tous ces films qui font beaucoup de bruit pour rien, voici un petit joyau dont la petite musique recèle un moment de beauté vraie. Autour d'une rencontre familiale, Pupi Avati nous fait, par petites touches, le portrait d'un segment de la société, avec ses rêves (brisés), ses illusions (perdues), ces petits et ces grands mensonges qui font la vie et qui fondent son étrangeté. Comme un Tchekhov méridional, ce très beau film laisse un gout de beauté et de douleur, où le chagrin se marie au bonheur.
  • HAIRSPRAY (1988)
    Quelle pèche ! J’ai complètement craqué pour la sémillante Tracy et ses copains sautillants. Ah! Ce look rose bonbon, ces madisons et ces twists des bons vieux fifties ... mais les sixties sont là, et le vent commence à tourner ... Waters qui aime aussi bien amuser que provoquer a commis un pamphlet cool et joyeux contre le racisme bof et contre le terrorisme anti-gros ...
  • BLUE STEEL (1989)
    On ne se méfie jamais assez des apparences. L'héroïne du film l'apprend des le début de l'histoire, et les spectateurs en subiront les conséquences à mi-parcours. C'est la que les choses se gâtent .... Car ce "Blue Steel" avait paru au départ de fort solide facture, diabolique et efficace, mais brusquement le scénario s'emballe, se désaxe, coule sous les clichés et sous un déchaînement de violence à répétition, sur les traces sanglantes d'un Peckinpah des mauvais jours. Ca dérape plutôt salement. Quel gâchis !
  • ROSELYNE ET LES LIONS (1988)
    C'est de la frime" ainsi Roselyne condamne-t-elle, à juste titre, le show d'un dompteur tout en muscles qui veut faire de l'ombre aux deux jeunes stars dorées. C'est également ce qu'on peut dire, hélas, du nouveau Beineix. Certes flamboyant, "rock et baroque" (selon ses propres mots, sic!) et malgré ses images chiadées, ses glissandos de caméra et de jolies trouvailles de dialogues, le film arrive à peine à cacher l'absence de profondeur de son histoire. Et ce n'est pas Isabelle Pasco, traitée en "l'as-tu-vue" par Beineix, qui le fera oublier.
  • CARNET DE NOTES SUR VÊTEMENTS ET VILLES (1989)
    Un travail de commande qui permet à Wim Wenders, cinéaste désormais idolâtré, de discourir sur notre époque, sur la mode et, plus intéressant, sur la création. Résolument léger, le film ne se prétend pas truffé de trouvailles de génie même si nombre d'admirateurs risquent d'y chercher paroles d'Evangile. Ce "Carnet de notes" a la légèreté d'un croquis, mais aussi il est attachant, comme des bribes d'un journal. Comme une étude de grand maître, c'est un incontournable pour wendersiens et pour admirateurs de Yohji Yamamoto.
  • METROPOLITAN (1990)
    Peut-on traduire adapter un cinéaste aussi français que Rohmer aux Etats-Unis ? La réponse est "oui", qui nous est joliment fournie par "Metropolitan". Un moment exquis des certitudes péremptoires et des désarrois de candidats aristocrates de la jet-society de New York. Un peu plus loin, un peu plus dur que "Metropolitan", il y a Cassavetes. C'est-à-dire ce qu'il y a de mieux au cinéma américain.
  • LA RAGE AU COEUR (1989)
    Aux antipodes du cinéma black militant de Spike Lee, du black marginal de Charles Lane ou du black institutionnalisé d'Eddy Murphy, "La rage au cœur" est un petit joyau, illustration de ce que l'on peut faire de mieux au cinéma : mener un récit à part, avec un rythme à part et une atmosphère à part. Charles Burnett réussit à la fois à transcender son particularisme black pour prendre une dimension universelle mais aussi à retrouver les racines profondes, africaines, magiques, du peuple noir américain.
  • UN COMPAGNON DE LONGUE DATE (1990)
    Un film sur le sida ? Grande est la tentation de terroriser une population où couve la panique. Mais non, jamais ce film honnête ne se fait catastrophiste, ni larmoyant, ni moralisateur. Il opte d'emblée pour la dignité et la chaleur humaine. Norman Rene et son équipe (tous sont issus du théâtre et semblent avoir travaillé en atelier) font la chronique des années Sida, dans une optique quasi-documentaire, dont la sensibilité et la délicatesse sont à peine décoiffées par quelques brusques accès de naturalisme. A voir et à méditer.
  • LES NOCES DE PAPIER (1989)
    La conquête de sa dignité d'homme libre est un combat acharné, qui peut passer par des "combines". Ici, ça met en lumière l'urgence de la tolérance et de la connaissance de l'autre. Un bon scénario soutenu par des dialogues remarquables de justesse, une mise en scène sensible et un jeu d'acteurs (où l'on retrouve Geneviève Bujold dans un rôle magnifique) très beau de sincérité et de vérité. Un film à voir absolument, à une époque où l'emportent le toc et la suspicion.
  • LA BELLE HISTOIRE (1991)
    La générosité échevelée de Claude Lelouch, même si elle le conduit à quelques maniérismes et maladresses, est communicative. Elle agit d'abord sur les comédiens (qui irradient l'écran), sur les spectateurs ensuite, emportés par ce film fleuve où confluent moult rivières narratives. Lelouch est visiblement touché par la grâce. On le savait déjà. Mais cette fois, résolument, le mot doit s'écrire avec un G majuscule.
  • LA VIE EST UN LONG FLEUVE TRANQUILLE (1987)
    Ca commence comme du théâtre de Bouvard-sketches à gogo pour passer rapidement la vitesse supérieure, celle d'une satire sociale au vitriol, impeccablement et très intelligemment construite et jouée sabre au clair par une compagnie déchaînée. Si le petit Momo-Maurice exerce une bien mauvaise influence sur sa nouvelle famille, cette première œuvre de la pub-star Chatiliez est une cure tonifiante QUI, si j'ose dire, DECOIFFE ...
  • LE SINGE FOU (1988)
    Un film morbide et malsain comme on en fait rarement (mis à part Greenaway, mais il est de notoriété cinéphilique que celui-ci est un "cas"). Si on préfère les situations claires, ce film est à éviter absolument. Si l'on peut se contenter de l'interprétation solide (mais perplexe) de Jeff Goldblum, qui baigne en pleine sauce thanatique, alors bon courage ! (D.W.Graphite)
  • UN CRI DANS LA NUIT (1988)
    Le sort réservé à cette mère de famille (Meryl Streep) ahurissante de véracité, d'authenticité de même que Sam Neill, qui incarne le mari), par la justice, mais sur tout par la presse et le public, n'est pas sans rappeler notre affaire Grégory. Un cri dans la nuit n'est pas un film spectaculaire, c'est un reportage sobre et sincère, à la mise en scène honnête tout l'opposé, semble-t-il, des reportages de presse sur l'affaire, qui a défrayé la chronique en Australie, entre 198O et 1988.
  • LE BAL DES CASSE-PIEDS (1991)
    Dans la grande et chaotique tradition des comédies à sketches, "Le bal des casse-pieds" est une suite de gags à la réussite inégale, mais où l'on s'amuse de bon cœur aux numéros d'acteurs (tout particulièrement, la délicieuse Valérie Lemercier). A une époque où les joyeux drilles se font rares sur nos grands écrans, des films comme celui de Yves Robert sont les bienvenus : ils égaient la météo (avide de tempêtes) de notre paysage cinématographique.
  • AUSTRALIA (1989)
    Aux antipodes de la nostalgie "facile" ("combien de tonnes je vous mets ?"), "Australia" est un film pudique, retenu, presque blessé. Mais aussi et justement pour sa sensibilité, qui jamais n'est sensiblerie un film fort et particulièrement beau. Admirablement interprétée par ses protagonistes (jusqu'au "moindre" second rôle), cette histoire (le déclin du vieux monde et la confrontation d'une identité avec son passé enfoui) à la beauté à la fois mélancolique et pleine d'espoir du soleil couchant.
  • LES AS DU CLIP (1988)
    Le cinéma rock se partage entre deux tendances , le "sérieux" (tel "Sid et Nancy" d'Alex Cox) et le "pas-sérieux-du-tout" (tel le récent "Leningrad Cowboys" d'Aki Kaurismaki). "Les as du clip" est à ranger, indubitablement, dans cette seconde catégorie, avec son charme et ses défauts. Le scénario est (bien sur) calamiteux, mais qu'à cela ne tienne, le film a une pêche d'enfer et poursuit sa route chaotique dans la totale insouciance de l'ordre et de la rigueur, avec pour seul impératif celui de s'amuser. Comme un bon disque funky.
  • JEU DE GUERRE (1988)
    Sur le mode mineur (d'abord, la méfiance : est-ce un énième nanar d'été ?), puis sur le mode majeur (celui de sa thématique le sort des Indiens aujourd'hui et de son traitement), le film de Franc Roddam est une des bonnes surprises de ce mois de juillet. Franc Roddam aborde avec justesse un des thèmes tabous de l'Amérique blanche (le viol continu de l'identité culturelle des Indiens, rejetés dans des réserves indignes) et reporte efficacement le western à l'époque contemporaine. Plus qu'un genre, le western est ici un rapport de forces.