Il se raconte que le film a été fort mal accueilli par la profession. En effet, dans notre rigidité républicaine, il est malséant de franchir les frontières délimitant la fonction et le pouvoir (tout relatif) s'y attachant. Un acteur convenable ne s'aventure pas sur les terres fécondes de la réalisation. Pourtant, Fanny Ardant nous raconte avec émotion et brio, une magnifique tragédie familiale et ancestrale, slave et immortelle, que n'aurait pas répudiée Carmen ou Corneille. En effet, on est loin des passables débandades cinématographiques d'une morne Jeanne Moreau ou d'un insipide Jean-Claude Brialy dont nous tairons l'existence, pour applaudir, debout, les bras tendus, cette première réalisation d'une actrice discrète et amène. Depuis ma fougueuse adolescence, j'ai toujours eu bien de fugueuses faiblesses, immodérées et complices, pour ceux qui savaient écrire, filmer, me parler. Même et encore et toujours, aujourd'hui, et demain. A bon entendeur...