Quelle admirable petit bout de femme que Katie Johnson, haute comme trois pommes et lumineuse comme une jeune starlette débutante de l'extraordinaire Ealing Studios, petite maison de production anglaise qui, sur une période d'une dizaine d'années seulement, nous aura gratifié de quelques fantastiques chefs-d'oeuvre britanniques à jamais inoubliables. D'une fraîcheur de soubrette malgré ces quatre-vingt printemps, Mrs Wilberson (dans le film) mélomane et mythomane dans sa bonté fragile de vieille fille coquette, saura se débarrasser sans coup férir des cinq brutes épaisses venus comploter un radical hold-up, dans l'anonymat de leur chambre d'hôte. Et l'on aura droit au musical subterfuge du petit orchestre à cordes, révisant interminablement un unique menuet de Boccherini, comme intermède entre la mise en confiance de notre logeuse et le vol du fastueux contenu d'un anonyme camion blindé. Une comédie exquise et savoureuse, british jusqu'au bout des ongles, avec son éternel thé de cinq heures, ses affables bobbies de quartier et son humour si particulièrement feutré, que je viens de revoir à nouveau, la semaine dernière, à l'aube de mes trente-cinq ans, pour la troisième fois déjà, avec le subtil contentement de partager votre propre enthousiasme pour ce bijou de film...