A mes yeux, ce projet avait peu d'arguments attrayants. Un western crépusculaire sur Jesse James, figure emblématique du grand banditisme américain qu'on a du voir dans plus de 50 films. Brad Pitt, qui malgré une belle performance dans Babel, se contente plus ces dernières années de faire la moue et de poser dans des costumes Armani que de réellement jouer, impression qui tendrait à se confirmer au vue de l'affiche et de la bande annonce où l'on voit le beau Brad vieilli les mains dans les poches, le regard porté vers l'horizon, heureux dans sa belle veste et sa chemise qui fleure bon la lessive. Et pourtant... Au casting, beaucoup de surprises, de bonnes surprises (Sam Rockwell), d'autres choix plus évidents (Garret Dillahunt) mais toujours justes (Mary-Louise Parker), dans le ton. L'image Hugo Boss de Pitt n'a ici plus sa place. Il y joue un Jesse James nerveux, paranoïaque, tendre, cruel, beau, fou, mélancolique, dépressif... une large pallette qu'on a la joie de retrouver, qu'on pensait oublié dans un carton lors de son emménagement avec Jolie. La musique fait certes penser à celle de The Propositon (toujours inédit en France?!?) du même Nick Cave mais elle accompagne à merveille les décors épurés et les errances des personnages de cette fable. Le film, sans vouloir paraphraser un de mes collègues, renferme l'une des scènes les plus belles cinématographiquement parlant de ces dernières années. Pas une esthétique à l'esbroufe, mais une mise en lumière sublime par le grand Roger Deakins (chef opérateur des Coen entre autres) à l'image du mythe du gang des frères James et de leur dernier larcin. Laissez-vous portez par ce western poétique et atypique sur un lâche oublié derrière la légende. .