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Critique(s)/Commentaire(s) Publiques de
Amandine Taquine

  • LA VENUS À LA FOURRURE (2013)
    C’est avec une fougueuse dextérité et une habilité retorse que notre maître de cérémonie, le sieur Roman Polanski, 80 piges et toute sa légendaire impétuosité, met en scène, sa compagne à la ville, la pulpeuse Emmanuelle Seigner, solide et pimpante quarantenaire, dans une magnifique combinaison entre imaginaire et réalité, dévoilant les ambiguïtés de toute relation amoureuse, tout en démasquant la complexe bipolarité « dominé » / « dominant » qui finalement semble trouver son bonheur, dans une alternance des rôles investis et des attributions codifiés. On est bien sûr fort éloigné de la dialectique hégélienne du « maître » et de « l’esclave » même si effectivement certaines notions de passivité du second peuvent induire une connotation de dépendance et de soumission. Il s’avère ainsi que les désirs sont souvent polymorphes et que l’inversion des prérogatives amoureuses peut basculer dans une alternative bienvenue, une alternance beaucoup plus radicale, dans les méandres d’une intimité sans cesse bousculée. Je suis convaincue qu’une magnétique et fusionnelle complicité sommeillent dans ces espaces là, où il suffit quelquefois oser s’inviter, sans crainte aucune et dans le respect de chacun.
  • HOLY MOTORS (2012)
    A nouveau, au détour d’une critique, je partage votre point de vue, sur ce film bancal et narcissique qui ne mérite ni une pléthore d’éloges dithyrambiques, ni d’être voué aux outrancières gémonies, que les médias distillent au gré des articles. On ne peut qu’être dubitative devant les outrances de « monsieur Propre » qui engloutit des brassées de fleurs et des doigts arrachés, avant de s’isoler avec sa créature, priaspismique et grognant, dans une catacombe. Comme Godard, Carax manipule adroitement des idées, souvent impuissant à susciter une véritable émotion, seulement palpable lors d’un furtif abandon de tout intellectualisme. Je retiendrais aussi la performance de l’étourdissant Denis Lavant, acteur caméléon qui incarne une sorte de double du réalisateur qui à chacune de ses compositions nous donne l’impression de jouer sa vie. Je partage donc avec conviction et sincérité ton point de vue mitigé et pondéré, ne forçant ni dans un sens ni dans l’autre. On peut aussi regretter une créativité trop souvent absente de nos écrans, toujours saturés d’inutiles billevesées, pour un réalisateur peu prolifique.PS : viens encore de mélanger allègrement le tutoiement et le vouvoiement. Peut-être une envie inconsciente de déraper avec vous ?
  • TREE OF LIFE (2011)
    Pour avoir succombé au péché de la présomption et charcuté son film durant une année sur les tables de montage, Terrence Malick nous propose en finalité une oeuvre hybride et difforme, lourdement déséquilibrée et bancale, une sorte de patchwork anémique, clairsemé d'idées lumineuses et fertiles, devenues, à force de trituration permanente, un ectoplasme de bonnes intentions, une fulgurance estompée, amputée, translucide. Une arboriculture de pacotille envahie par les mauvaises herbes du conformisme et de la bondieuserie, qui laisse amère et pantoise, en toute sérénité...
  • LE GAMIN AU VELO (2011)
    La pertinence de votre (ta) notation fait honneur au cinéma de qualité qui ponctue et enflamme la pathétique filmographie des deux plus grands metteurs en scène de la déliquescente Belgique. A chacun de leur nouveau film, une fête se prépare dans ma tête et dans mon coeur, pour appréhender l'émotion diffuse et fragile qui électrise chaque projection amoureusement attendue. Mordre à pleines dents et longues focales dans le vécu anonyme de simples quidams en souffrance, égarés et balayés dans une société en désespérance, ne pas démordre, avec insistance et récurrence cinématographiques, que bien des choses vont de mal en pis, chez vous, chez nous, une constance chez ces deux réalisateurs qui vont au coeur, directement et sans fioritures, comme vous, comme toi...
  • MELANCHOLIA (2011)
    Ce 1er septembre 2011. C’est avec une obsédante régularité de métronome cinéphile que j’appréhende chaque nouveau film de Lars von Trier, toujours intéressée, à chaque fois incertaine quant à mon enthousiasme ou ma déception, en instance. Cette fois-ci le bonheur cinématographique est constamment présent, avec de plus une fascination pétrifiante pour l’ouverture du film, d’une troublante densité et d’une froide poésie bouleversante et triste. C’est surtout le profond et perturbant questionnement , induit par la fin de l’histoire, qui m’a profondément bousculée et fait comprendre avec émotion et simplicité, que la personne avec laquelle j’aimerai passé les derniers instants de mon existence, dans une pareille fin inéluctable, aurait un prénom double, une déchirante sensibilité et un doux regard que je ne connais pas encore (le tien) et que j’imagine toujours et encore, dans mes rêves et mes songeries.
  • HOME FOR CHRISTMAS (2010)
    Noël approche à grands pas neigeux, avec ses guirlandes bigarrées et son sempiternel message de paix et de fraternité. C’est avec un ravissement étonné, que la petite fille qui dort en moi, a regardé ce film norvégien d’une simplicité déconcertante et d’une élégante construction en boucles concentriques où se love et se dessine l’amour et la compassion. Ne soyez pas offusqué ou dérangé par les larmes qui pourraient venir à vos yeux à la vision de cette œuvre émouvante au possible qui à nouveau donne au cinéma son meilleur rôle, celui de faire ressentir, d’échanger, de partager. Merci de m’avoir signalé ce film rare et nécessaire, je sais, avec le temps qui passe et ne revient pas, que vos critiques me deviennent de plus en plus indispensables et précieuses.
  • ANOTHER YEAR (2010)
    Tout le monde peut trouver quelqu’un à qui parler. Encore faut-il qu’il y ait une écoute, persistante et désintéressée, pour que la parole blessée trouve un écho compassionnel, une oreille apaisante et des mots justes et forts afin d'interrompre le processus d’une représentation du bonheur illusoire et fallacieuse. Les blessures de Mary et les fêlures de Ken semblent inguérissables et fatales, tellement leur cheminement dans l’existence sous-tend une imagerie erronée de la plénitude, des prétendus besoins qui l’induisent, échancrés sur des archétypes de la satisfaction où se mêlent le paraître, la possession et l’artificiel. Echapper aux leurres sociétaux, se démarquer des faux symboles de la réussite, fuir le conformisme consensuel ne garantit en rien du malheur des cœurs et des trahisons intempestives. Vous me comprenez de toute évidence...
  • LE QUATTRO VOLTE (2010)
    Ouvrez les oreilles, ouvrez les yeux ! Une succulente tranche de poésie bêlante se présente à vous, avec ses massives chèvres aux imposantes cornes tire-bouchonnéees, ses alertes chevreaux curieux et grimpeurs et quelques rares et solides boucs esseulés. Avec seulement le vent malin dans les arbres centenaires, d'impossibles nuages laiteux et filandreux, dans un magnifique ciel apaisé qui s'impose et repose comme aux premiers temps de l'humanité. Au fur et à mesure des saisons et des hommes qui traversent l'immuable paysage, on se retrouve en face d'une antagoniste et bipolaire interrogation et conception existentielles : 1)le bonheur et la simplicité dans la nature et les éléments primaires ? 2) une existence fruste et inculte, à la limite de l'arriération mentale ? Vous avez choisi d'emblée la première vision. Je vous y rejoins.
  • AU VOLEUR (2009)
    Pas tout à fait d'accord, mon cher "Cinéfiches". Cette longue et lente promenade sur l'eau rappelle, toutes proportions gardées, bien évidemment, l'errance aquatique de John et Pearl du chef-d'oeuvre de Charles Laughton, "La nuit du chasseur". La ville, la société, les policiers, de leurs côtés, incarnent la symbolique du méchant Robert Mitchum. C'est bien dans la nature verdoyante que les fuyards amoureux vont trouver un momentané havre de paix, malgré l'évidente présence des autres et de leur agressivité latente, que le bunker évoque indirectement. La poésie est donc largement présente dans ce film même si elle n'a pas l'universalité du film référence évoqué.
  • ULTIMATUM (2009)
    Pour avoir été, quelques temps, en reportage photographique en Bosnie, durant le conflit serbo-croate, je peux vous affirmer que la présence à portée de main d'un masque à gaz n'est pas un luxe ou une distraction. Aussi vital et précieux que mon Minolta professionnel. La scène un peu irréelle de la femme, seule et perdue, au volant de son véhicule, sur une autoroute désertée, tentant de rejoindre sa fille en instance d'accoucher, est loin d'être une pure spéculation scénaristique. En effet, en cas d'alerte intempestive, une agglomération peut devenir en quelques minutes, une ville fantôme et la peur devenir une présence réelle. J'en suis encore toute bouleversée.
  • DISTRICT 9 (2009)
    Faut-il vraiment encenser ce curieux film de science-fiction qui montre l'assujettissement de candices et grouillants extra-terrestres par les vils humains, alors que l'exploitation de l'homme par l'homme est un sujet bien plus actuel dans sa sombre réalité quotidienne ? Bien sûr, l'argument scénaristique est parfaitement novateur et les trucages d'une évidente fulgurance visuelle. Mais l'ouvrier de chez Renault qui trime et s'abîme à longueur de malaises et de cadences, l'employé de France Télécom, moralement déchiqueté, qui se bascule du haut d'un pont ou d'une falaise et la smicarde de chez Carrefour qui se liquéfie la santé devant sa caisse enregistreuse, ne sont-ils pas bien plus prioritaires dans la dénonciation d'un scandale professionnel, d'une exploitation inhumaine, que la gélatineuse "crevette" de Neill Blomkamp ? Cela n'enlève bien sûr absolument rien à la valeur de vos charmants compendiums cinématographiques, que j'ai toujours grand plaisir à lire, avec une aimable et discrète complicité.
  • CENDRES ET SANG (2009)
    Il se raconte que le film a été fort mal accueilli par la profession. En effet, dans notre rigidité républicaine, il est malséant de franchir les frontières délimitant la fonction et le pouvoir (tout relatif) s'y attachant. Un acteur convenable ne s'aventure pas sur les terres fécondes de la réalisation. Pourtant, Fanny Ardant nous raconte avec émotion et brio, une magnifique tragédie familiale et ancestrale, slave et immortelle, que n'aurait pas répudiée Carmen ou Corneille. En effet, on est loin des passables débandades cinématographiques d'une morne Jeanne Moreau ou d'un insipide Jean-Claude Brialy dont nous tairons l'existence, pour applaudir, debout, les bras tendus, cette première réalisation d'une actrice discrète et amène. Depuis ma fougueuse adolescence, j'ai toujours eu bien de fugueuses faiblesses, immodérées et complices, pour ceux qui savaient écrire, filmer, me parler. Même et encore et toujours, aujourd'hui, et demain. A bon entendeur...
  • L'ARMÉE DU CRIME (2009)
    A toutes les époques, dans tous les pays, lors des conflits armés, la collaboration avec les forces ennemies fut une triste et sanglante réalité. A chaque fois, son héroïque corollaire de révilte et de résistance a balayé, tôt ou tard l'envahisseur et les innombrables traîtres. Avec la force tranquille de ceux qui seront toujours dans le bon camp, Guediguian assène, imperturbable, que l'opposition la plus farouche et la plus déterminée contre le nazisme fut souvent l'oeuvre d'étrangers et d'apatrides, face à une sourde collaboration, quelquefois rampante et insidieuse, souvent active et engagée d'une partie de la police française. Cette oeuvre grave et nécessaire se présente donc comme un chaleureux hommage à tous ceux qui, comme Manouchian et sa bande, ou plus personnellement cet oncle inconnu fusillé à Brive à l'âge de vingt ans pour avoir lacéré des affiches de propagande fasciste, refusèrent le diktat allemand de l'oppression sur la liberté. Suis donc un peu triste et contrite de ne pas percevoir dans votre écrit un plus grand enthousiasme pour cette noble cause...
  • WHATEVER WORKS (2009)
    Woody Allen fait partie de ces rares et précieux metteurs en scène qui peuplent depuis toujours mon exponentielle mémoire cinématographique, avec une félicité constante, sans trahison ni doute quelconques. C'est donc à chaque fois un vrai bonheur de petite fille gâtée, de guetter la sortie de son prochain film, nimbé du souvenir délicat d'une longue conversation-interview faite l'année dernière, en sa présence, au bar du Cosmopolitan Hôtel de New York, pour un journal de mode américain. Et ce n'est pas son absence physique dans ce nouveau film qui gênera le moins du monde la perception de l'humour si particulier du réalisateur, faite de permanente (auto)dérision, d'une turbulente et savoureuse logorrhée inimitable et d'un formidable jeu scénique rappelant, entre autres, les facéties débridées d'un Stan Laurel hilare et goy ou la fébrilité indolente d'un Harry Langdon définitivement survitaminé.
  • PERSÉCUTION (2009)
    Sorti depuis peu en Belgique, cette œuvre magique et perturbante de Patrice Chereau qui nous octroie un chef-d’œuvre tous les deux / cinq ans avec une régularité bienheureuse, est en fait une vraie descente en apnée dans la passion amoureuse, ses tourments et ses déchaînements, filmée avec une beauté tranchante et une désespérante harmonie. Et comme souvent dans ses films, la bande musicale est d’une pertinente sensibilité avec cette fois-ci une merveilleuse transposition de la partition « Mystéries of love » qu’Angelo Badalamenti avait écrite pour le film de David Lynch « Blue Velvet » et cette fois-ci reprise par Antony and the Johnsons. Il convient aussi de noter la présence d’un acteur fulgurant en la personne de Gilles Cohen dont la prestation frise la perfection et la finesse absolues ! Décidément nos goûts cinématographiques sont étrangement identiques et parallèles ...
  • YUKI ET NINA (2009)
    Une réjouissante production franco-japonaise écrite et réalisée à quatre mains, prenant pour géographie humaine, les mouvants territoires de l'enfance et comme lieux d'ancrage, la région parisienne et les contrées lointaines du pays du soleil levant. La réussite de l'oeuvre se situe essentiellement dans le rassurant constant de la merveilleuse faculté d'adaptation de l'enfant, en l'occurrence la petite Yuki, initialement inquiète et malheureuse des bouleversements causés par la séparation de ses parents et le départ non souhaité dans un pays inconnu et lointain, qui finalement se fera très vite une nouvelle petite amie du cru, avec laquelle elle deviendra inséparable et complice. Dommage que toute la partie japonaise du film soit un peu brouillonne, construite avec moins de rigueur et de fraîcheur que l'épisode français. Il est fort agréable, à tous âges, de se faire de nouvelles relations affectives, le saviez-vous ?
  • CANINE (2009)
    Cela serait peut-être exagéré de dire, haut et fort, que le film est extraordinaire. Par contre, il sort effectivement des sentiers battus et des kilomètres de pellicule insipides et banals que nous ingurgitons, bon an, mal an, chaque mois devant les écrans de cinéma, de télévision et d'ordinateur. De plus, rarement un scénario n'a été aussi original et poussé dans ses retranchements les plus extrêmes, en destructurant aussi méticuleusement l'habituelle réalité quotidienne. Une sorte d'ovni cinématographique, inclassable, perturbé et perturbant qui désarçonne sur son passage maintes certitudes affirmées et rassurantes conventions existentielles. Un cinéma grec qui me bouscule (j'aime cela) loin de la tendresse des "Jeunes Aphrodites" et des insipides moulins à vent de Mikonos ...
  • L'ASSASSINAT DE JESSE JAMES PAR LE LÂCHE ROBERT FORD (2007)
    D'une période mythique de l'Ouest américain, avec des personnages emblématiques dont les aventures furent maintes fois décrites sur le petit et le grand écran, le réalisateur Andrew Dominik façonne une oeuvre séduisante, dénuée de tout lyrisme héroïque. On est loin des archétypes traditionnels du pistoléro, du traître et du Far West, pour aborder une dimension banalement humaine, prosaïque et dénuée de tout pathos lyrique du cow-boy et de sa représentation idéalisée, images d'Epinal et d'OK Corral à la Kirk Douglas ou à la John Wayne. Je partage entièrement votre judicieuse appréciation sur cette oeuvre, toujours aussi navrée que la plupart de mes consoeurs aient trop souvent, globalement, un incompréhensible et stupide manque d'intérêt pour le western et ses débordements...
  • JESUS CAMP (2006)
    Voilà une brillante démonstration de l'embrigadement religieux, coté catholiques intégristes, dont les victimes les plus innocentes sont les enfants, conditionnés à l'extrême dans un dangereux fanatisme qui rend triste et fait peur. Et c'est bien ces "nobles" pourfendeurs de la vilénie du monde qui sont les premiers à se délecter dans le stupre qu'ils abominent. Et c'est bien grâce à la naïveté et à la crédulité de leurs ouailles qui financent à tire-larigot leur existence, que ces grands prêtres de la Morale s'enrichissent et prospèrent, sous des façades d'humilité et de bonne conscience. Volonté de puissance, volonté d'asservissement, débauche de prévarication qui se dissimulent adroitement derrière les paravents mensongers d'une religion galvaudée qui n'est pas enseignée pour l'esprit du don, mais pour alimenter l'appât du gain. Comme disait si simplement ce brave et cher Voltaire : "le fanatisme est un monstre qui ose se dire le fils de la religion" Votre dévouée.
  • TRUMAN CAPOTE (2005)
    Quand la composition d'un acteur, ici Philip Seymour Hoffman, dépasse dans la fougue et l'excellence la représentation que l'on peut se faire de son sujet, ici Truman Capote, on ne peut que s'extasier sur la prestation de l"acteur, évoquer une éventuelle identification, supputer une grâce quelconque. Il n'empêche que l'évocation d'un écrivain au cinéma me paraît un exercice des plus périlleux et des plus improbables. Comment peut-on par l'image traduire le phénomène de l'écriture, sa pulsion exutoire et sa transe à la fois douloureuse et apaisante, autrement que par des clichés et des approximations. De Truman Capote, mais c'est aussi le cas dans bien d'autres films ayant abordé une tranche de vie d'un écrivain, nous ne saurons rien de l'ensorcellement de la création littéraire, de l'envoûtement magique de l'écriture, ayant à disposition qu'une vague représentation imagée, imaginaire de l'enfantement d'un roman, d'un récit, d'une narration. En vous lisant régulièrement, je ne doute pas de votre intime compréhension.
  • PARADIS POUR TOUS (1982)
    Le flashage, quoi qu'on en dise, est une solution d'avenir, une urgence nécessaire voire indispensable pour survivre aux hérésies qui nous entourent. Je me suis retrouvée dépendante de l'alcool, du shit, de la bouffe et de l'angoisse face à la triste incurie du pouvoir socialiste scandé par le cyclomotoriste Hollande. Mais le pire, que je tente de fuir vainement, dans mes pensées, mes rêves et mes désespoirs, c'est le retour de Sarkozy. Mon Dieu, donnez-nous ce flash tant attendu pour oublier ce possible cauchemar. Heureusement qu'il reste la Belgique, hélas déjà polluée par le ventripotent Depardieu et son narcissisme nauséeux. Vive le flashage gratuit !
  • BELLE DE JOUR (1966)
    Sur les dizaines de films de qualité traitant de la prostitution, cette oeuvre de Luis Bunuel mérite de figurer en bonne place, parmi les meilleures. Pour le jeu savoureux de Catherine Deneuve dont c'est de loin une des plus intéressantes prestations, pour les étonnants seconds rôles dont, en particulier, celui de l'excellent Francis Blanche pour lequel il faudra tôt ou tard songer à une entière réhabilitation, pour la subtile association entre un réalisateur génial (Bunuel) un scénariste irréprochable (Carrière) et un écrivain remarquable (Kessel). Et puis, on sort pour une fois des sentiers battus de la péripatéticienne exploitée, victime famélique et soumise, qui tapinent trop souvent dans des scénarios immuables, mille fois répétés. A quand une oeuvre de classe, sur la prostitution légale, celle qui sévit dans les alcôves de nos concitoyennes, qui par devoir conjugal ou docilité animale, se résignent à des privautés sexuelles non désirées ?
  • TUEURS DE DAMES (1955)
    Quelle admirable petit bout de femme que Katie Johnson, haute comme trois pommes et lumineuse comme une jeune starlette débutante de l'extraordinaire Ealing Studios, petite maison de production anglaise qui, sur une période d'une dizaine d'années seulement, nous aura gratifié de quelques fantastiques chefs-d'oeuvre britanniques à jamais inoubliables. D'une fraîcheur de soubrette malgré ces quatre-vingt printemps, Mrs Wilberson (dans le film) mélomane et mythomane dans sa bonté fragile de vieille fille coquette, saura se débarrasser sans coup férir des cinq brutes épaisses venus comploter un radical hold-up, dans l'anonymat de leur chambre d'hôte. Et l'on aura droit au musical subterfuge du petit orchestre à cordes, révisant interminablement un unique menuet de Boccherini, comme intermède entre la mise en confiance de notre logeuse et le vol du fastueux contenu d'un anonyme camion blindé. Une comédie exquise et savoureuse, british jusqu'au bout des ongles, avec son éternel thé de cinq heures, ses affables bobbies de quartier et son humour si particulièrement feutré, que je viens de revoir à nouveau, la semaine dernière, à l'aube de mes trente-cinq ans, pour la troisième fois déjà, avec le subtil contentement de partager votre propre enthousiasme pour ce bijou de film...
  • FIEVRE SUR ANATAHAN (1953)
    Rarement film aura approché avec autant de vérité et de perspicacité, la sexualité masculine, ses exigences et ses acharnements, le simplisme de son désir et l'obsession de son assouvissement. Il n'est absolument pas nécessaire d'alimenter le propos par de démonstratives scènes osées ou des propos licencieusement précis, les images et la voix off de Sternberg se suffisent à eux-mêmes pour stigmatiser la radicale et raide fixation du mâle. La reine et ses bourdons. Le désir dans toute sa fureur assassine face à la séduction un brin aguichante. Une oeuvre magnifique sur la nature humaine, l'émergence de la bestialité inhérente à la pesanteur de la frustration et le profond abîme entre l'homme et la femme, devant le plaisir et le désir...
  • DE L'OR EN BARRES (1951)
    Comment passer des jours tranquilles, non pas à Clichy -n'en déplaise à Henry Miller- mais au Brésil ? Il suffit en fait d'une étroite complicité entre un employé d'une banque britannique et un fabriquant de petites effigies de notre symbole national, la Tour Eiffel. Nous avons donc en place, un duo qui se révèlera particulièrement efficace dans son projet à priori farfelu, s'adjoignant deux associés pour le gros oeuvre. Dès que le mirifique chargement d'or se retrouve dans leurs mains, le précieux métal sera fondu dans des moules, reproductions parfaitement exactes du célèbre monument. C'est peu dire qu'Alec Guinness est toujours aussi génial, avec son flegme typiquement british et son délicieux humour pince-sans-rire. Il ne faut bien sûr pas s'attendre à pousser de gros rires tonitruants ni a des éclats irrésistibles et bruyants. Non, ici tout est finesse, demi-mesure et sourires. Un vrai régal d'esthète de revoir cette oeuvre exquise qui me semble-t-il bénéficie enfin d'une nouvelle sortie nationale, avec quelques autres comédies du genre.