L'existence et le statut particulier du camp de concentration de Theresienstadt (actuellement Terezin en république tchèque) maquillé en havre de paix et présenté aux yeux du monde comme un lieu de séjour harmonieux pour les Juifs déportés, en instance de pseudo-départ pour les rivages de la Palestine, est plutôt connue dans l'historiographie du nazisme et de ses monstrueuses aberrations. Ce qui apparaît souvent inconnu au spectateur est le rôle tenu, la fonction attribuée et la complexité de la tâche du responsable de l'organisation interne du camp, en l'occurrence le Président du Conseil juif du ghetto en question, et pour la périodicité, son troisième et dernier représentant, en la personne du rabbin Benjamin Murmelstein, vilipendé à la fin de la guerre par certains compatriotes et considéré comme inféodé aux ordres nazis. Encore en vie, d'une pointilleuse et sourcilleuse mémoire, le pétulant vieux bonhomme raconte son épineux quotidien entre la pression teutonne et les sollicitations de ses concitoyens, près à tous les pots-de-vin et toutes les combines pour bénéficier d'un quelconque avantage, souvent dérisoire. Malgré, de temps à autre, une présence devant la caméra, un peu trop voyante de Jacques Lanzmann, en salutaire et compétent interrogateur, aux questionnements précis et pertinents, l'oeuvre mérite une diffusion et un visionnement multiples pour dessiller les yeux des ignorants et des incrédules.