Un flamboyant mélodrame d'un sombre pessimisme ambiant, stigmatisant avec force et fougue certaines détresses et fêlures de la société indienne, pourtant libérée du carcan colonialiste, qui s'enfonce dans une profonde amertume générée par maintes désillusions économiques, politiques et sociales. Une magnifique scénographie musicale, agrémentée d'une extraordinaire fluidité de la caméra, quelques fréquents et somptueux enchaînements de travellings avant et arrière, entre lyrisme exacerbé et diffuse sensualité et une très belle composition de la lumière, en permanence et en suffocation émotionnelles, font de cette oeuvre limpide et puissante, un des plus grands chefs-d'oeuvre hindi. Sans oublier le plaisir réitéré de retrouver à chaque nouveau film du réalisateur, le succulent comique déhanché et grimaçant du grand Johnny Walker, interprétant ici le rôle d'un désopilant masseur du cuir chevelu, seul ami véritable, dans la tourmente et le rejet, du tourmenté poète Vijay.