Indispensable de se projeter dans l'Inde des années cinquante après avoir intégré la mort d'overdose du réalisateur en 1964... L'atmosphère traversée de chansonnettes chaloupées met à rude épreuve la fibre féministe... Heureusement, se devine en arrière-plan un épris d'absolu, d'une lucidité sidérante... Sirupeuses mélopées indiennes, oeillades de souris dansant devant l'icône masculine seule décisionnaire. Il faut accepter ce décor pour en venir au point capital, les poètes hors normes, ces parias occupés à dire ce qui doit être tu. Point fort : la virtuosité du chef opérateur... Point faible : l'aspect larmoyant rattrapé par la pertinence du discours. Jamais de complaisance pour l'esprit moutonnier ! Sous les dehors sucrés, il s'agit d'un traitement au vitriol de la cupidité, de la versatilité humaine, d'office majoritaire au nom des intérêts du moment, avec cette manie de vénérer les morts en gommant les vivants insoumis à la pensée des plus forts (gros écho en 2009 !...). Symbole de la fontaine sans eau, saisissant gros-plan d'un Jésus en Croix sur la première page de "Life" lu par une "traîtresse" ayant muté vers le milieu qui rapporte ! Hymne aux écrivains piétinés, aux escrocs, aux faux-frères, aux mères mésestimées, à la condition féminine séculaire... L'exil pour espérer respirer un peu ?... Audacieux paradoxe que la sincérité d'écrivain (assuré du chômage de son vivant !) face au plus vieux métier du monde qu'est la prostitution des femmes sous la coupe masculine (offrant gîte et couvert !)... Le récit gagne en intensité sur la fin, surtout bien lire les paroles des chansons afin d'en mesurer la portée intemporelle et universelle... Au total, une absence de concessions qui force l'admiration !