Avec de nombreuses séquences tournées discrètement en catimini, à l'insu de leur "guide" attitré les accompagnant durant un tournage qui a duré vingt-deux jours, Michelangelo Antonioni et son équipe parviennent à dresser, un peu contre leur gré et leurs intentions, un portrait à la fois fascinant et angélique d'une Chine aux portes de la modernité. Si nous sommes effectivement éloigné d'une sanctification à la Joris Ivens, on peut tout de même sourire à cette évidente naïveté bon enfant du réalisateur, plus enclin à trouver dans les visages impassibles des milliers de Chinois croisés, filmés, une sorte de bonheur de vivre ancestral, simple, et fruste, plutôt que le reflet de l'insidieux et permanent joug des autorités, éminemment candide pour ne percevoir dans le légendaire mutisme chinois, que sagesse et simplicité, plutôt que l'évidente soumission atterrée aux étouffants diktats de Grand Timonier. Cela n'a pas empêché le film d'être interdit et vilipendé durant des années par les autorités chinoises.