Pour tout dire, (mais vous l'aviez compris) on s'ennuie ferme durant les quatre-vingt quatre minutes de ce prétentieux pensum soporifique. Et ce ne sont pas les longues plages de silence dans le film, tout de même agrémentées de moult sonorités et bruits de fond ambiants, d'une véracité fulgurante (entre des bribes de patois local et les stridulations caractéristiques d'une passante rame de tram) qui provoquent cette lâche torpeur démissionnaire, mais bien l'immense viduité affectée du propos et du personnage qui fait songer à un Rohmer sénile et taciturne s'escrimant sur les manoeuvres empruntées d'un insipide charmeur inconsistant. Certes, il se trouvera toujours quelques pseudo-critiques paumés et pâmés s'extasiant sur le minimalisme des dialogues (huit minutes, montre en main) ou justifiant, les lourdes répétitions scéniques (quatre fois nous croiserons le même vendeur africain à la sauvette, trois fois un boiteux famélique qui propose des fleurs, sans oublier les tasses et les verres qui sont renversés autant de fois) qui tanguent péniblement du côté des inévitables fadaises conceptuelles qu'on ne manquera pas d'invoquer pour dissimuler, vaille que vaille un flagrant manque d'inspiration et de créativité.