Un film étonnant. Là où certains voient la copie académique d'un réalisateur vieillissant, j'ai vu une œuvre à part, presque inclassable. Les images sont absolument superbes, mêlant précision du numérique, couleurs laiteuses et format 4:3, donnant une identité visuelle forte. La mise en scène est discrète, laissant le spectateur apprécier toute la richesse du plan : les décors toscans et romains, les costumes vraiment splendides, également les détails anatomiques parfois pittoresques (des pieds boursouflés du pape Léon X à quelques poils blancs dans la barbe de Michel-Ange). Au final, une reconstitution de la Renaissance d'un réalisme rare et délectable. Le propos n'est pas inédit : il est question du génie d'un artiste, de son ambition démesurée, du va-et-vient entre orgueil et générosité, bien sûr aussi des difficultés de la création (logistique, rivalités, mécénat...). C'est le parallèle avec l'Andreï Roublev de Tarkovski, coscénarisé par Kontchalovski il y a plus de 50 ans, qui rend le film définitivement passionnant, dans ses questionnement, mais aussi dans des séquences précises, enrichies par leur écho avec le film de 1969, par exemple le déplacement du bloc de marbre résonnant avec la fonte de la cloche, ou encore le montage final de créations de l'artiste.