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Critique(s)/Commentaire(s) Publiques de
Jérôme Nicod

  • PERMIS DE TUER (1989)
    Pour une analyse... 17e James Bond film, "PDT" semble vouloir confirmer le tournant annoncé par "Living daylights", à savoir un rapprochement avec la réalité environnante (trafic d'armes, drogue..), et un réalisme au niveau espionnite dans la lignée de Fleming. D'ailleurs Tim Dalton déclare à qui veut l'entendre que ses bond-films préférés sont "Bons baisers de Russie" et "Goldfinger" tous deux très proches des romans de Fleming. Définitivement, Broccoli veut imposer Dalton comme le nouveau Bond : plus réaliste, donc plus dur, moins de gadgets utiles à l'action, moins de filles faciles qui ne font que paraître... le Bond d'aujourd'hui, confronté à des problèmes de notre époque, même s'il reste romanesque, se veut crédible. Ainsi, dans sa construction, "PDT" semble confirmer cette orientation : le pré-générique, cette fois-ci en rapport direct avec le film, se voit comme une BD, et rappelle les délicieuses fantasmagories mooriennes : nos deux héros (Bond + Leiter) laissent tout tomber pour courir après un méchant, à grand renfort d'invraisemblances et de clins d'yeux, musicaux entre autres.. Par contre, passe ce pré-générique, on retrouve notre réalité : un mariage réel, puis des morts, des vrais. et, à la limite, si les deux femmes que doit côtoyer Bond sont délicieusement belles, cela n'est plus qu'un hasard.. Le mythe de la "J.B..girl" est en train d'en prendre un coup... d'ailleurs qui, depuis "Rien que pour vos yeux" et Carole Bouquet peut citer le nom des bond girls suivantes ? La perception de Bond dans le monde est partagée : adule en GB, au Pays-Bas, il l'est moins en France et encore moins aux States. Ce public américain si difficile à capter, et qui pourtant a fait une place d'or dans son coeur à Roger Moore et ses fantaisies, est en train de bouder Tim Dalton. Plus d'affiches dessinées, plus de rigolades : ce Bond là, trop sérieux, ne se distingue plus des méga-polars et maxi-séries tv nationaux.. Et donc fait moins de recette ("PDT" fait, 16 ans après, le même score en dollars que "Vivre et laisser mourir" en 1973....) on admirera enfin le merchandising, et plus précisément la publicité bondienne : même si elle n'est pas dessinée, l'affiche évoque bien le film: Bond court seul, laissant son "007" derrière lui, dans le cote sombre de l'affiche... Tim Dalton confirme : Bond will return.. Il l'a promis.
    Pour une critique; toute personne allant voir un Bond film veut en ressortir avec des images plein la tête. Une fois de plus, même si ce 17e film manque un peu de fantaisie, on est comblé: l'histoire est bonne, quoique linéaire, les filles sont belles, et il n'y a quasiment pas de temps mort.. alors ce film figurera-t-il parmi les meilleurs de la série ?oui et non ... oui, parce que le scénario, accumulant avec brio les scènes de bravoure, tient en haleine constamment le spectateur, en aménageant même des scènes d'humour (avec "Q") et de romance (obligée) oui parce que les acteurs, Dalton et Davi, mais aussi Zerbe et C.Lowell sont très bons dans leurs performances respectives. Sanchez peut se vanter de figurer dans la liste des meilleurs méchants bondiens (la carence d'un vrai méchant faisait défaut à "Living daylights")... Meilleur est le méchant, meilleur est le film, disait Hitchcock... oui parce que Binder, une fois de plus, a composé un générique indispensable, reprenant les principaux atouts du film : appareil photo ("Q"), casino... oui parce que les fans apprécieront les nombreuses références aux précédents films, mais aussi aux romans de Fleming (référence, enfin, à l'Universal export... çà faisait longtemps !).. Le thème musical du mariage rappelle étrangement le "jump up"de "Dr No", l'usine cachée dans la montagne, le cratère géant d'"On ne vit que 2 fois", Sharky et Leiter semblent reformer le couple Quarel/Leiter de "Dr No" la scène ou Bond est emmené par des agents dans une villa très très gardée où rode un chat pendant que monte le suspens (qui est au bout du corridor?) peut laisser supposer le retour de Blofeld, l'immonde homme au chat de tant de films ...oui parce que John Glen, qualifié de rapide et efficace, n'en impose pas moins quelques superbes plans permettant un montage final particulièrement fluide. Non parce qu'a la différence de compositeurs comme Barry (compositeur officiel de la série), ou Williams (sans qui par exemple, « Les dents de la mer » ne serait rien..), qui savent enrichir les films de leur musique, créant des thèmes particuliers qui renforcent l'action, M. Kamen se contente d'accompagner, souvent lourdement, l'action, à grands renforts de variations + ou moins subtiles du James Bond thème.. Non parce que finalement le scénario trop linéaire ne ménage que peu de surprises, manque un peu de fantaisie, hormis la séquence d'ouverture. Mais ne chipotons pas sur des "points de détail" : "Permis de tuer" est un divertissement de première qualité, fruit de l'union de professionnels à tous les niveaux, qui n'ont qu'une chose en tête : le respect du public. Qu'ils en soient ici remerciés : cela devient si rare.... (OCT.89)
  • LA PASSERELLE (1987)
    Après "Le léopard", précédent film de Jc Sussfeld (dieu quel navet), on pouvait craindre le pire de son nouveau film. Et bien la surprise est de taille puisque Sussfeld a su filmer tout en douceur cette histoire d'accident en procédant par petites touches d'une mise en scène toute à fait personnelle et digne d'intérêt. Un casting solide vient agrémenter le film, doté par ailleurs d'une fort jolie musique. Pierre Arditi est très convaincant en amoureux transi et repenti et la sublime Mathilda May impose une fois de plus, après "Le cri du hibou", sa beauté et son talent : on n’avait pas vu une actrice aussi belle et aussi naturelle depuis des lustres. Une révélation !
  • LIFE FORCE (1985)
    Les vrais bons films de science fiction existent, mais sont de plus en plus rares. Aussi, le film de Tobe Hooper est à classer parmi les derniers must du genre, rappelant étrangement les séries B d'antan ou le Grand Guignol et côtoie, petit budget oblige, les climats de frissons les mieux suggérés. Voyage au bout de l'horreur, le film est aussi une invitation au charme intemporel de Mathilda May, dont l’attrait extraordinaire est le sujet du film ! Complété par une partition d'Henri Mancini au mieux de sa forme, « Lifeforce » est à déguster impérativement, en salles ou chez soi, mais à condition de ne pas craindre les cauchemars !
  • LES DIAMANTS SONT ÉTERNELS (1971)
    Sans vouloir contrarier Chris, les "diamants..... sont, à défaut d'être le pire des Bond, du moins le pire des "Connery" sans aucun rythme et avec une intrigue toute en longueur. Rien ne sauve ce film de l'ennui, même pas la pseudo-mise en scène de Guy Hamilton qui, à part Goldfinger, aura réalisé les plus mauvais Bond ......... Très à part dans les romans de Fleming, le livre est un reportage sur les extractions de diamants dans le monde où Bond est absent. Le film quant à lui est un vrai reportage sur l'art d'ennuyer le spectateur. Dommage.
  • CASINO ROYALE (1967)
    Au cinéma, il faut toujours que tout mythe qui se respecte ait sa parodie, et quelle parodie: une pléiade de stars (et de réalisateurs !) s'y sont engouffrés. Le résultat est un film de plus de deux heures; énorme farce lourde comme une charge de panzers et tentant vainement bien souvent de retrouver un humour british comme sait le distiller David Niven .... L'ampleur des moyens est à la hauteur de l'ambition de départ, et voir toutes ces stars se commettre dans de telles situations finit par provoquer le fou rire. Le caractère délicieusement démodé de la musique et le cote kitsch des décors et costumes ajoutent à cette pochade absurde une démesure supplémentaire.