Une oeuvre dense et touffue qui, dans une première approche, peut se révéler confuse et quelque peu hermétique quant aux motivations et aboutissants des personnages, face à des événements dont les complexes interactions se nouent et se dénouent en sourdine et en catimini. Sans cesse contaminée par plusieurs niveaux de lecture et d'appréhension, avec de constants télescopages entre une douloureuse dramaturgie du passé et une lancinante sordidité du présent, cette étonnante réalisation, émiettée en plus de deux mille plans, riche d'une rigoureuse et permanente expérimentation d'un metteur en scène en parfaite aisance idéologique et maturité créatrice, se manifeste comme un brûlant épiphénomène d'une société nipponne en pleine implosion, marquant un tournant décisif dans la turbulente et radicale filmographie d'un Nagisa Oshima décidément inspiré.