Les Gallois, comme les Russes, outre leur réputation de boire sec, sont réputés chanter fort et tous en choeur, avec des variantes innombrables, et de manière incroyablement disciplinée, que ce soit pour les réjouissances ou pour oublier leur désespoir aux moments les plus forts de la guerre. Le film plante "en chantant" le décor de ce charmant coin du Pays de Galles, on croirait un théâtre orchestré en plein air. De la fraîcheur, l'accent rude du terroir (à voir en v.o. pour en goûter toutes les subtilités), des détails malicieux (exemple de ces oiseaux picorant sur la fenêtre), parce que c'est un petit garçon qui donne le ton du film. Une communauté vite attachante, où chacun joue un rôle défini, on remarquerait juste la sévérité paternelle (interdit de causer à table), la dureté patronale (peur de négocier), et puis ces diacres moyenâgeux, langues de vipère... Voici que le temps se gâte, la pauvreté et la colère, les amours, tout se détraque. De la peinture léchée, qui aurait viré à l'eau de rose, on passe au coup de grisou. Et toujours la voix-off du petit garçon devenu grand... L'Histoire répèterait les mêmes inlassables bévues à ce qu'on dit. Ainsi, ces mineurs du film aux syndicats balbutiants, licenciés car jugés du jour au lendemain "trop payés" par d'obscures puissances invitent à méditer. Au stade où nous sommes arrivés, en ce début de 21ème siècle, avec notre "mondialisation" galopante sur une planète vidée de ses énergies, quid des jugés "trop-payés", quid de la masse croissante des exploités sans protection sociale ?