Critique(s)/Commentaire(s) Publiques de
Margotte
1451
-
LA VIE DE JÉSUS (1997)
1451
Si l'une des qualités du cinéma est de nous faire rêver, le mérite essentiel de "La vie de Jésus" serait plutôt de nous rappeler de quoi le monde est fait, dans toute sa médiocrité et sa crudité. Freddy, entouré d'une bande d'amis dont la seule occupation est la ballade en mob, vit bel et bien dans le même monde que le notre. On aurait tendance à l'oublier. Horizon bouché par le chômage et l'ennui, incapacité au dialogue faute d'une éducation suffisante, télévision pour tout univers culturel, tout cela est à vomir. Alors quand le crime raciste arrive, mêlé de rancœurs passionnelles, que penser de Freddy ? Victime d'une société qui le dépasse, ou coupable ? Coupable de bestialité avec la seule personne qui semble lui prêter un peu d'amour, coupable de laisser l'instinct l'emporter sur la raison... Le film décrit admirablement cette ambiance glauque et étouffante de mois d'août dans le trou du cul de la France, où l'inaction imprime aux corps des attitudes molles, laides. La manière qu'a Freddy de faire l'amour est à l'image du personnage : brutale, sans dialogue, sans esprit. Rarement des personnages aussi navrants auront réussi à captiver mon attention à ce point. Belle chronique, enfin, du racisme ordinaire : on pressent que le genre de population décrite ici serait l'électorat favori des Le Pen et autres De Villiers. Très beau film, à voir absolument quand on veut savoir ce qui se passe à quelques kilomètres des grandes villes. A noter que l'interprétation de Freddy et de ses potes est tellement criante de vérité qu'on se demande s'il s'agit là d'acteurs ou de jeunes paumés tirés pour l'occasion d'un village ou d'une petite ville. Par contre, le rapport entre le film et le titre ne me saute pas aux yeux, même si on peut voir quelques métaphores possibles entre le comportement de Freddy et ce que fut la vie du Christ.
-
CRASH (1996)
1359
Cronenberg, par le biais d'une œuvre bouleversante (traumatisante serait un terme sans doute plus approprié) a réussi un joli coup. Les liens entre mort, sexe, jeu et plaisir ont été grâce à lui matérialisés d'une manière nouvelle: mêler souffrance et plaisir sexuel n'est pas nouveau, mais allier à cette union l'objet qui aujourd'hui est l'attribut de tout un chacun -la voiture- voilà qui est rare. Transformer l'auto, qui n'est plus le simple symbole de réussite sociale ou de virilité, en épave pour prendre son pied, voilà qui est d'autant plus rare. Quand on prend connaissance du synopsis, on a peur que tout ça tombe dans le ridicule et l'inepte. Mais Cronenberg, mène son film a un rythme d'enfer. Tout ceci est tellement bien fait que l'on se surprend à s'imaginer encastré dans un accident, une tête coupée à coté de soi, en train de baiser une femme ensanglantée. Ce qui n'aurait jamais pu se passer avant la vision de « Crash ». Dommage tout de même que les rapports entre plaisir et mort n'aient pas été exprimés verbalement, afin de faciliter une compréhension qui doit se contenter souvent de sous-entendus. A noter l'extrême sensualité de tous les acteurs. Film inclassable à voir absolument.
-
FARGO (1996)
4979
Vous avouerez qu'ils ont usé de gros moyens pour pas grand chose. Mais ce n'est pas l'avis de tout le monde, à en juger la note de et les critiques dithyrambiques que l'on peut lire un peu partout. Mais bon, tout le monde ne peut pas rester insensible aux courants de mode qui traversent à coups de prix de la mise en scène l'intelligentsia cinéphile !
-
FRED (1996)
5706
Mi-figue mi-raisin. Ce "polar social" aurait peut-être dû en rester à une étude de mœurs. Vincent Lindon, bedonnant, est parfait dans le rôle du paumé un peu gentil. Cà commence bien: l'ambiance du chômage noyé dans la bière, les engueulades d'un couple auquel il manque des repères, le patron de la copine à Fred qui joue au petit chef... Jolie peinture d'un monde de merde, filmé sans complaisance mais avec amour. Il est regrettable qu'avec l'arrivée de l'intrigue proprement dite, le « bon ton » reprenne le dessus, et que l'intérêt du film s'essouffle peu à peu, mais bon, l'originalité de ce héros, chômeur, vaut la peine d'être soulignée.
-
HEAT (1995)
1268
2 heures 50 de délectation ! Même si le thème de l'affrontement du flic (sur les nerfs) et du voyou (de haute voltige) est archi rebattu, Michael Mann nous offre là un chef-d'oeuvre incontournable. Pacino et de Niro, qui ont du chacun interpréter une dizaine de rôles de policier et de truand, parviennent à nouveau à investir leurs personnages respectifs de la force de personnalités nouvelles et crédibles. Réalisation impeccable et interprétation magistrale.
-
RAINING STONES (1992)
567
Ken Loach a su nous montrer avec sincérité un milieu social pauvre, mais d'une dimension humaine extrêmement riche. Jouant sur cette dualité, le réalisateur (d'ailleurs très bien servi par une brochette d'acteurs sensationnels) a parfaitement su rendre sur la pellicule les sentiments et les réflexions qui l'ont sans doute poussé è faire ce film : l'indignation et l'émerveillement. Or ce sont justement ces deux sentiments qui font la noblesse du genre humain. « Raining stones » est donc profondément humain, et à voir absolument !