Vous affirmez haut et fort que ce film est considéré à l’heure actuelle comme le premier film qui parla de la culture des skateurs en France. Vous m’en voyez fort aise. Cet historique rappel (que vous nommez culture) ne suffit pas pour octroyer au film une quelconque envergure, un intérêt particulier. A l’évidence, si vous faites abstraction de ce qui se nomme pompeusement la grammaire cinématographique et vous n’appréhendez un film que par le biais de l’émotion qu’il vous procure, on ne parle pas, en toute bonne foi, le même langage. De plus, je vous trouve bien téméraire et quelque peu présomptueux quant à vos affirmations concernant "l’âme des enfants", oublieux ou ignorant que les émotions, qu’elle soit enfantines ou adultes, chaleureuses ou affligeantes, sont en grande partie la résultante directe ou indirecte d’une éducation et conséquemment d’une culture. A vous lire, il s’avère effectivement que nous n’ayons pas vraiment la même définition de la culture. Et cela, loin de me navrer, aurait plutôt tendance à me rassurer et me faire sourire. En compulsant quelques revues d'époque, dont vous ne connaissiez peut-être pas l'existence, il me semble que déjà bien des critiques, ou qui se nomment "indûment" ainsi, insensibles, grincheux et péremptoires, avec leurs lourdes âmes d'adultes, avaient décrié, hélas, ce chef-d'oeuvre, dans un même élan d'ignorance et de spontanéité :
"Le film, outre ses visées commerciales directes, utilise une « love story » qui ne dupera, je pense que les naïfs adultes. Tout ceci est nul sur le plan cinématographique, la grâce aérienne des jeunes skate-boarders n’a même pas été saisie par la caméra, le scénario est invraisemblable, seule Anny Duperey fait preuve de beaucoup de talent pour servir une bien mauvaise cause et un film particulièrement déplaisant"
SAISON CINEMATOGRAPHIQUE 1978
"Bleu citron ? Rose, plutôt. Très rose. Tout rose. C’est la Comtesse de Ségur qui aurait toqué l’évocation des vacances chez les De Fleurville pour le skateboard de la place du Trocadero. Tout baigne dans l’ouate sinon dans l’huile. Le scénario, comme la réalisation, ne visent qu’à faire passer, à ceux pour qui le cinéma c’est effectivement cette couleur assez vague qu’est le bleu-citron, 90 minutes agréables. Mission accomplie (Annie Duperey oblige !) en dépit de la facilité rosâtre de ce produit de luxe aseptisé" FICHES DU CINEMA 1979
"Entré dans la salle, j’ai cru que c’était encore la pub de l’entracte. Mais c’était bien le début du film. Tout s’explique : l’auteur est un publicitaire sans doute "senior confirmé" comme ils disent dans les petites annonces ronflantes. Son produit de marketing est d’autant plus dangereux qu’il est correctement réalisé sur un scénario mielleux attrape-mouches. A la sortie du film, par acquit de conscience, je suis allé demander l’avis des petits enfants. Ils m’ont exhibé un prospectus qui les invite à rendre visite à la boutique Trocadero-Bleu-Citron, miraculeusement ouverte à Paris" ... ECRAN NUMERO 73
"Avec ses planches à roulettes TBC véhicule des visées commerciales évidentes. Les décors en intérieur très "design", les vêtements, les jouets, tout est "in", dernier cri et fait pour susciter la convoitise des petits et des grands. A cette idéologie de la consommation, s’ajoute, et c’est encore plus déplaisant, une "éducation sentimentale" celle d’un petit garçon de dix ans guidé par une mère très "cop", super chic. Il va apprendre, pour conquérir la famille de sa belle et sa belle elle-même, à ruser, à duper, effrontément, cyniquement. Faut-il rajouter que la réalisation est faible" ...
LA REVUE DU CINEMA NUMERO 333
inconnu(e)
Apparemment vous avez perdu votre âme d'enfant depuis bien longtemps, très cher chroniqueur... Pour votre info (et vos lacunes en matière de culture), ce film est considéré à l'heure actuelle comme le premier qui parla de la culture des skateurs en France...A bon entendeur.