C'était puissant. Très cru, très réaliste. Le film dépeint une réalité morbide, que ce soit dans la façon de tuer ou dans la manière de mener l'enquête. Ce qui glace le sang, ce n'est pas seulement la violence de l'assassinat, mais aussi le peu de moyens mis à disposition des enquêteurs, eux-mêmes soumis à des restrictions budgétaires à répétition — preuve que les féminicides ne sont perçus que comme de simples faits divers, ne méritant que peu d’attention de la part des hommes.
La direction que prend l’enquête dès le début révèle également un point de vue masculin et quelque peu misogyne. Les enquêteurs mettent l’accent sur la supposée "culpabilité" de la victime, coupable d’aimer et de séduire hors des cadres sociaux prévus pour son statut de femme. La puissante scène d’interrogatoire de la meilleure amie de la victime agit comme un électrochoc pour le personnage principal, en éclairant la misogynie intériorisée des agents de police judiciaire.
Finalement, connaître l’identité du coupable importe peu. Entrevu dès le début du film, le tueur, dissimulé sous une cagoule, incarne un visage anonyme — symbole de tous ces hommes qui défilent un à un lors des interrogatoires, complices à leur manière d’un féminicide. Ce meurtre, malheureusement banal, s’inscrit avant tout dans un système patriarcal.
En tout cas, ça donne envie de retourner à Grenoble.