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PRIMAIRE-2016-
Nationalité : France
Durée : 1h45
Date de sortie en France : 04/01/2017
Themes
Milieu du théâtre
- cinéma français -
Réalisation : Hélène ANGEL
Prise de vues : Yves ANGELO
Musique : Philippe MILLER
Cascades : Daniel VÉRITÉ
Distributeur : Studiocanal
Visa d'exp. : 132202
Résumé
Florence est une institutrice passionnée, elle a l'énergie et la foi de ses trente ans et fait avec les moyens du bord pour mener au mieux ses élèves de CM2 jusqu'à la sixième. Entre le désir de son fils Denis, dans sa classe cette année, de partir vivre avec son père, Sacha un élève que sa mère néglige totalement et toutes les autres situations auxquelles sont confrontés ses élèves, Florence va vivre une année charnière.
Source : Matériel de presse
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Paquebot ou mammouth : à chaque époque son Titanic et ses classes sacrifiées. « Ça commence aujourd’hui », témoignait Bertrand Tavernier au seuil de notre siècle en perdition, prenant dès 1999 le parti d’un directeur et maître d’école du Valenciennois aussi pugnace que désemparé (Philippe Torreton). Et c’est au bas du Vercors que ça continue de résister puisque, sans angélisme, Hélène Angel y passe le flambeau (et la craie) à sa vulnérable jeune institutrice de Primaire (Sara Forestier). Institutrice, oui, plus volontiers que professeure des écoles, car le combat mené par la cinéaste et son héroïne du quotidien passe par une même justesse des mots et du regard, la volonté commune de dissiper l’écran de fumée sciemment entretenu, en haut lieu, pour masquer le désastre programmé. A l’imposture d’Entre les Murs qu’il parut opportun de palmer en 2008, la première n’emprunte que le dispositif, fort pertinent celui-là, des deux caméras simultanées à huis clos : l’une pour suivre la seconde, mobile, parfois vacillante, mais toujours sur la brèche ; l’autre pour saisir les expressions et les réactions de sa classe unique, fictive en dépit des apparences (les élèves y ont été triés sur le volet, leurs paroles écrites à la virgule près). Soutenue dans cette gestion de l’espace de jeu par un quasi-homonyme, son sensible chef opérateur Yves Angelo (confrère admiré des Ames grises), plus lumineux pour elle que d’ordinaire, elle se garde bien, en effet, de s’y borner. Foin des idées reçues ! L’enseignement est, nous dit-elle, un « métier dévorant » et elle s’applique à le montrer, accompagnant sa maîtresse, au dehors et au trop poreux étage du dessus (où, mère seule d’un enfant en crise, elle a le faux privilège de loger), dans ses pesantes tâches invisibles, aussi bien que dans les failles, les vertiges et le désert affectif contraint de son existence personnelle. Quand, agrégé dilettante et, chez Laurent Cantet, agaçant histrion de sa propre parade démagogique, François Bégaudeau ne semblait pas plus vivre sa prétendue vocation qu’un quelconque animateur télé, une fois quitté le plateau du débat, Sara Forestier donne corps vaillant et souffrant à Florence Mautret, ce personnage imaginaire qui lui ressemble tant, investi du seul rôle qu’elle eût pu tenir, pense-t-elle, dans la réalité. A 30 ans, la vraie bonne élève (révélée par une plus discutable Esquive de 2003) passe donc enfin de l’autre côté de l’estrade. Or, rehaussée par l’effort de maintien et d’articulation qui s’imposait, sa puissance de conviction s’avère immédiate, faite d’un mélange savamment dosé d’énergie brute et de poignante empathie, d’autorité salutaire et de fragile désarroi. Ne venait-elle pas d’écrire et de diriger son 1er long métrage (M, bientôt dans les salles) ? Déjà titulaire de deux César, l’« animal sauvage » qu’elle reste devant l’objectif d’Hélène Angel en mériterait pour l’heure ici un troisième. Comment ne pas adhérer, en outre, à cet « impératif catégorique » : « Personne ne quitte ma classe sans savoir lire, même pas en rêve » - d’emblée proclamé devant une élève rétive à notre alphabet ? Petite Asiatique qu’en dernier recours la Méthode Boscher de 1905 (« C’est ancien » et alors ? ) va conduire à l’émouvant déclic salvateur.Fruit de huit semaines de tournage et de quatre années de travail en amont, dont deux d’immersion scrutatrice dans les classes, mûri avec Olivier Gorce (La Loi du Marché, De Bon Matin) et la fidèle Agnès de Sacy, la 4e fiction de la réalisatrice atypique de Rencontre avec le Dragon (2003) a l’audace de ne tromper personne et de frapper fort, sans se départir de son rythme alerte, ni d’une séduisante et nécessaire légèreté. Proche des meilleurs films récents sur l’école en péril (Detachment de Tony Kaye ou L’Ennemi de la classe de Rok Bicek), elle valorise la transmission au coeur défaillant d’un système perverti où « apprendre, c’est devenu un gros mot » (les « connaissances » s’y trouvant bannies au profit des plus rentables « compétences »).Dans la droite ligne de sa quête initiatique médiévale (celle du chevalier Daniel Auteuil), Hélène Angel en fait même une affaire de « foi » (que tout conspire à anéantir) et ferraille ainsi contre l’invasion des acronymes ou l’arrogance obtuse de l’Inspection. Piétinés de surcroît, les clichés trop commodes du misérabilisme social à travers le faux loser Vincent Elbaz, livreur de sushis, et sa glaçante ex-compagne Laure Calamy, une vendeuse de vêtements chic qui livre son turbulent gamin à lui-même, des billets pleins les poches : Sara Forestier peut s’y lâcher devant eux, pétrie tour à tour de désir et de rage, et nous offrir avec l’actrice de La Contre-Allée la scène la plus singulière de Primaire.