Etonnante Katell Quillévéré qui récidive aussi bien sinon mieux que dans "Un poison violent" ! Même habileté à faire entrer dans son histoire par pans, nonchalamment avec d'habiles coupures. Mêmes dialogues minimalistes. Davantage de profondeur, le seul amour encore crédible étant l'alchimie des corps, ultime bastion contre le pourrissement collectif (ce refus d'accorder sa confiance comme si les mots étaient devenus la porte ouverte à toutes les trahisons)... Musique sur mesure, y compris au niveau de la signification, on est vraiment gâté, non seulement les compositions de départ, tout à fait à la hauteur de l'enjeu, mais cette version de "Suzanne" par Nina Simone qui reste entêter ! Le récit biographique comporte plein de blancs dans la vie de l'héroïne marquée par d'horribles coups du sort, (Sara Forestier dirigée ainsi promet autant que Sandrine Bonnaire !). Et puis ce père veuf qui fait son possible avec ses deux filles (rarement traité sous cet angle !) ne peut que taper dans le mille... La passion irrépressible est surtout prétexte à introduire "la débrouille" comme un dédoublement nécessaire... à la survie de l'espèce. Ensemble incroyablement mature de la part d'une trentenaire polie, lisse sous ses allures de mannequin ayant l'absolue maîtrise de son sujet, de ses acteurs. Déterminée autant que passionnée ! Portrait de femme à l'enfance fracassée certes, + charge sourde contre l'économie actuelle, l'officielle, pas l'autre !