Agréablement surprise par cette "vieillerie" en vidéocassette qui, hormis ses failles techniques indiscutables (écouteurs sur les oreilles), se laisse suivre avec plaisir, en tous cas si l'on n'a pas en tête d'autres versions de l'histoire. Les situations et surtout les dialogues, du genre percutant et concis, laissent pantois... Vision du couple quasi contemporaine, et pourtant de curieux accès tragiques s'intercalent pour cause de guerre (ce passager touché par une balle au cou !), il faut se relever dare-dare de ces traquenards quotidiens. Passage au luxe, avec ce prince facile d'accès, racé et vaguement inquiétant, belle dame en visite, tout sourire, certes "pure comme un lac de montagne", mais aussi la cible idéale de faussaires locaux... Tout pour dissuader son militaire de mari, la loyauté personnifiée. Les personnages secondaires font qu'on ne s'englue jamais dans une seule direction. Envoûtement, comme si on avait tiré sur l'opium, la brume envahit l'écran, si cela est dû au vieillissement de la pellicule, je ne saurai m'en plaindre... Un procès à rebondissements débarque au moment où on croit tout plié. J'étais attirée par la présence de l'énigmatique Jouvet à l'affiche, mais tous acteurs confondus, on passe un excellent moment, aidés par le contraste finement équilibré entre les personnages. Cette version de Marcel L'Herbier passait pour audacieuse en 1937. Elle est devenue "antique" à cause des nouveaux matériels existants, les variations de son peuvent incommoder... Mais le traitement global a encore beaucoup de fraîcheur en 2008.