Revu en v.o. sous-titrée au 18ème Festival du Cinéma Espagnol de Nantes (mars 2007). On répugne tous à imaginer la dégradation physique sévère pour soi-même ou un de ses proches, un retour au néant semble doux en comparaison (bien dans l'air du temps en France actuellement avec ce scoop journalistique d'une malade incurable demandant qu'il soit légiféré, un genre d'autorisation avant passage à l'acte, ça remue les tripes des autorités, on est à cent lieues du Droit !). L'instant du passage sur l'autre rive ne saurait être légiféré, y participer au grand jour (et en dehors des guerres !) implique qu'on n'en pipe mot, à la rigueur, invoquer le "cas par cas"... En dehors de la souffrance décrite ou sous-entendue ici, s'ouvre cette fenêtre sur "celui d'avant l'accident", serait-ce un petit fil vital suffisant ?... Pour l'ultime vieillesse, quand les jours sont comptés, que "le corps n'est plus votre copain", admettons. Mais rien à voir comparé au calvaire d'un être encore jeune, sans autonomie depuis des années et qui réclame l'apesanteur une bonne fois pour toutes. Dans les esprits, la personne l'aidant à passer de l'autre bord oscille, quoi qu'on y fasse, entre la damnation pure et simple et la fraternité absolue, je pense à cette mère d'un jeune accidenté de la route du Nord de la France réduit à l'état de légume... Autre traitement de ce sujet qui attire et fait fuir en même temps, le film canadien "Les invasions Barbares". Mar adentro est une prouesse d'acteurs indéniable, les dialogues aussi sont de haute volée, rien d'étonnant que Javier Bardem ait été récompensé de toutes parts.