Le premier plan est une plongée sur un canard en plastique qui flotte. Le tendre dialogue d'une mère et sa fillette, la course matinale dans les escaliers, cette nurse noire qui s'attarde comme un chat trouvant une bonne maison. Elle amène une recette inédite de pancakes qui vont vite passer au mode industriel avec une enseigne lumineuse figurative rappelant la face noble du capitalisme de nos pères. La veuve d'industriel a du coeur et en plus un don pour la prestidigitation... Alors oui, c'est à l'origine "Imitation of life", le même banal roman qui inspira "Mirage de la vie", somptueuse oeuvre étasunienne en couleurs des fifties qui utilise les ressorts du mélodrame hollywoodien pour basculer en cours de route vers la satire, une ambiguïté qui peut gêner... Cette première version de John M. STAHL, sobre dans son noir et blanc de 1934 est plus frontale, on a l'impression de figurer invisible dans le cadre. Le même message de fond, la même complicité de deux femmes à partir d'un besoin complémentaire qui les portent à s'enrichir ensemble, chacune mettant la main à la pâte, c'est le cas de le dire... Les deux filles de ces dames apprennent à vivre douloureusement. On s'attendrit mais comme ça discute beaucoup, le spectateur ne verse que les larmes indispensables. Autre charme de ce petit film où on ne s'ennuie pas une seconde, l'heureux élu prend tout son temps pour débarquer, digne dans sa profession imprononçable et sûr de son fait.