Très indiqué de visionner cette perle d'Elia Kazan (de 1947) en 2009, époque aux relents d'obscurantisme par bien des aspects. L'explication de l'antisémitisme vaut aussi pour le racisme pour raison de couleur de peau, "les sales pauvres", "les jeunes ou les vieux c..." tout pareil... Voici le traitement complet du rejet de "l'autre", l'indésirable, pour évacuer sa propre face obscure. Non seulement dans l'insulte qui échappe, mieux, dans la mise à l'écart "entendue", qu'on décèle aux expressions, aux actes, aux humeurs, au silence créant une tension... Bien sûr, c'est hollywoodien par nécessité mais Kazan a migré de sa Turquie natale, de sa Grèce enfantine, vers les Etats-Unis : il "sait de quoi il retourne"... S'ingénie ici à dénoncer ce penchant collectif séculaire conduisant à rameuter ses semblables pour en écarter une catégorie dès lors affublée de tous les maux. Une attitude ignorée des enfants, qu'on attrape au contact du monde adulte. Comment venir à bout de cette tare ? Kazan fait endosser à l'acteur Gregory Peck l'identité juive qu'il n'a pas. Artificiel, mais rien de tel pour en rendre compte au public par le biais du journalisme. Un film audacieux, juste après la Libération ! Et tant pis si ce cinéaste continue d'alimenter une polémique post-mortem, le contenu de son film sert à l'heure H !  .