Découvert cette splendeur en v.o. en 2008 : 2h20 de voyage dont on revient comme d'une nuit fructueuse, de celles où on a rêvé en long, en large et en travers. On croirait l'essentiel de la condition humaine dans son environnement, l'impression que l'éternité peut survenir juste après. Toutefois, impossible de s'arrêter à UNE SEULE explication, PLUTOT MILLE. Les spectateurs médusés sentent bien que ce n'est JAMAIS n'importe quoi, ce qui se dévide sur l'écran remue jusqu'aux tréfonds, on est intrigué, charmé, désarçonné, sonné mais toujours en prise avec une réalité tangible, surréaliste par moments, ou bien même fantastique. Si le trouble et le léger cohabitent dans cette presque fin du monde, l'indicible est juste "soulevé", le personnage principal serait-il dérangé tout compte fait ? Chaque plan accroche tellement c'est bien boutiqué, vie quotidienne, qui parle à chacun d'entre nous, malgré ces atmosphères de pays perdu dans la brume au bord de l'eau et de nulle part. Magnifique caméra s'approchant à pas de loup des cibles, avec des effets d'une étonnante subtilité, ce qui fait qu'on se laisse glisser d'un cadre à un autre sans broncher, au diable la manie de tout s'expliquer, on est comme une voiture dont on lâche le moteur sur une route légèrement en pente... De l'émotion plus qu'il n'en faut, plus de grandes vérités sur l'amour humain ! Le son aussi chatouille l'attention, aucune stridence, de la poésie et du mystère. Un univers ouaté, bizarre mais jamais franchement lugubre. Certes, "petit garçon", avec ses cordes vocales entravées comme si quelque chose ne "passait" plus, attriste par son questionnement final... Le plus fort est que l'ensemble réconcilie avec le genre humain. Cette oeuvre magistrale, trop méconnue du grand public, daterait de 1986. Incroyablement actuel en 2008 !