On considère bien à tort ce film comme un "raté" de Ken Loach. C'est au contraire, l'un de ses plus intéressants en autres, en raison même des éléments qui peut-être font sourciller certains: les séquences oniriques (étonnant de voir des images subjectives dans le parcours de Loach, aussi étonnant certainement que les intertitres de "Pas de larmes pour Joy". Comme à l'accoutumée, Loach a un regard extrêmement critique sur la société du "capitalisme réel". Sa caméra est ici d'autant plus acérée, qu'il renvoit la balle à l'Occident, après un prologue stigmatisant la RDA du "socialisme réel". L'ambiance politique est globalement proche de "Hidden Agenda". Une scène, en revanche, fait monter très haut ce film : les retrouvailles du fils et du père, véritable "fête" de douleurs longtemps retenues qui remontent à la surface, à la faveur d'un superbe maelström de sentiments et d'émotions contradictoires. Le tout, sous l'oeil de la plus sensuelle des comédiennes, Fabienne Babe, ici dans un rôle au naturel, sans sophistication, simplement émouvant et tendre.