Vu le dvd en deux temps : c'est quelque chose ! D'abord le côté naturaliste du début (chats, chiens, familles qui se visitent), tous trop angélistes pour que ça ne vire pas ensuite. Les noirs dépeints comme protégés du pire dans leur rôle, swinguent comme des automates (cocasse rivalité entre la bonne et le visiteur tous deux noirs !). La guerre de sécession, malgré ces superpositions visuelles ahurissantes pour l'époque, prend beaucoup de place. Précieuse reconstitution d'un assassinat présidentiel, on s'y croirait, je pense à cette chute verticale sur la scène ! C'est ciselé, grinçant, de bric et de broc à l'écran. On saute d'une ambiance à l'autre dans d'éternels conflits avec sacro-saint sens du devoir, ces fils tombant théâtralement au combat ! Evidemment aujourd'hui en 2011, nombre de cinéphiles crient au racisme de ce film et ne voient guère la subtilité de l'ensemble. C'est un film historique, il relate une époque américaine bien réelle. Apprécié par-dessus tout l'éthique de Griffith justement : il s'excuse (écrit en toutes lettres dès les premiers plans !) de présenter la dureté extrême de l'être humain par nécessité. L'amour est perceptible tout autant que les haines recuites dans son propos. Brave homme, érudit mais simplissime dans sa démarche d'instruire les foules, si loin des cinéastes fous furieux du vingt et unième siècle !