On a vraiment l'impression de sentir le soufre ou autres joyeusetés dès les premières images, floues et habitées d'une musique qui vrille les nerfs. A voir de préférence en v.o. italienne même si le langage réside plus dans les regards et les attitudes. On est en 1964, le monde industriel bouleverse les paysages : les hommes travaillent ou font grève, et leurs compagnes sont mères au foyer pour la plupart. Antonioni, pour son premier film en couleurs, dépeint cet univers futuriste à grand renfort de peinture sur le décor, l'emblème étant ce jaune citron qui crachote... Giuliana en est restée au paradis perdu de son enfance, cette plage rose où elle se baignait. Rien à voir avec cet univers futuriste où elle se promène pourtant avec son petit garçon, peu de temps après un traumatisme, et juste avant la rencontre d'un autre homme que son mari... Monica Vitti captivante, toujours entre demande et fuite affective... Un film bizarre, un peu trop lent, où l'on n'a pas d'explication à tout, mais qui accroche par son pari de "rendre le moche esthétique" et qui en dit long sur les atermoiements féminins et les fantasmes masculins !