Souvent filmée caméra à l'épaule, au plus près de l'action, au coeur d'une nature hostile et ingrate, d'un environnement adverse et pesant, Jan Nemec nous propose une oeuvre hallucinée, d'une beauté noire et convulsive dont la fin laisse place à une amère et sourde ambiguïté. Et ce regard dramatiquement lucide du metteur en scène ("ce qui m'attirait, c'était le problème de l'homme réduit à la dernière extrémité, en proie à la faim, à l'épuisement, avili dans sa dignité, qui désire ardemment la liberté, qui veut retourner dans son foyer perdu. C'était la protestation contre l'humiliation, la condamnation à l'isolement, à l'oppression. Je voulais mettre l'accent sur la condition de l'homme en général, à cette époque ; mais je n'attachais pas d'importance à dire aux spectateurs où et quand les faits se sont déroulés") vise bien à l'universalité du propos, dénonçant sans acrimonie ni condamnation aucunes, la haine imbécile et guerrière.