Film naturaliste s'il n'y flottait une brise ironique typique de ce réalisateur passé maître dans l'art de ménager quelque gag dès que le sentimentalisme s'englue... C'est familier (l'habitation filmée constamment à gauche de l'écran avec son escalier, les gosses qui piaillent un peu plus bas), nostalgique comme des photos de famille, grave comme une série de deuils. Approche de l'autonomie, ces pertes qui vous tombent dessus en dépit de toute l'affection et malgré l'instruction. Les scènes se déroulent en zone rurale taïwanaise. Le lien avec l'extérieur est le train dans le tunnel, toute cette ombre n'augure rien de folichon, ils n'ont pourtant pas été élevés dans le coton, ce garçon et cette fille copains d'enfance. Ils ont connu rudesse physique et devoirs communautaires (offrandes religieuses), leurs proches les veulent fidèles aux traditions. Tels deux pigeons fébriles au bord de leur cage, de plus en plus rarement au diapason...Chaque spectateur pourra se souvenir de ses balbutiements dans le monde des grands, les premiers boulots où on marche au radar le temps que ça arrange, ravis de claquer la porte sur des avenirs plombés, le soulagement de se rabattre sur des études longues, le premier vrai cataclysme qui fait rentrer au nid familial sans trop présumer de l'accueil... Et puis cette habitude que les filles soient vouées à vite convoler et procréer... C'est un peu étiré dans l'ensemble (1h49), riche de séquences en temps réel fort heureusement compensées par des minutes de fraîcheur comme la complicité des copains, les tirades du grand-père, ce "non" du petit.