A partir de "The House by the River", publié en 1921 par Allan Patrick Herbert. romancier anglais. La rivière, personnage capital filmé avec d'inquiétants remous, cette carcasse d'animal qui flotte au ras de la maison, une vieille qui tique en voyant une plus jeune quémander une salle de bain fiable... des indices que l'élément liquide va être brassé et rebrassé... La jeune employée jouant de son sex-appeal est le premier piège. Son sourire, sa descente d'escalier d'une démarche lascive n'ont rien de la vierge adolescente. Eh bien Fritz Lang déjoue la déduction qui démange, il préfère qu'elle ne veuille pas ! De bienveillant juste émoustillé suivant du regard la silhouette féminine qui va au bain, le maître de maison reçoit un énième refus d'édition. Un seul plan montre que c'est le coup de massue. Il fait quelques pas dans l'ombre de sa maison, aperçoit sur des marches cette femme éclairée... Et c'est l'élan irrépressible. L'implication du frère, le silence à l'épouse de retour répétant la descente d'escalier... On voit se profiler d'inquiétantes dérives... Ce Stephen Byrne (qu'on devine en ronron conjugal) s'avère le pire patachon qui soit... Son égo démesuré lui barre l'inspiration (pas fortiche pour un écrivain !), il vire au parfait abruti au point de créer par ses manigances le dérapage ultime. Superbe film de Lang ! Bien plus d'écho aujourd'hui qu'à sa sortie étasunienne des années cinquante, ça ne fait pas du tout "vieux"... Un scénario simple, linéaire, des acteurs inconnus mais qui jouent comme des stars ! Une photo en noir et blanc, nette, parlante à la manière des dessins animés. On sent encore la proximité du muet. De remarquables moments (buée du miroir, plongée sur la bonde de la baignoire, eau noire et menaçante de la rivière !). Petit budget et grands effets sur le spectateur avec trois fois rien !