Vu en v.o. en avril 2008 au cycle consacré à "Fritz Lang et Hollywood" au Cinématographe de Nantes : nous revoici dans le monde des opératrices téléphoniques des années cinquante, une ambiance bon enfant que cette Centrale pleine de jolies filles convoitées plus qu'esclaves... La caméra s'arrête sur Norah, belle et seule, en attente d'un soldat au loin mais qu'elle vénère comme une icône jusqu'à ce soir où elle pleure. Basta ! La voilà sortie de ses gonds, noyée dans l'alcool auprès d'un prétendant bien en chair (fabuleuses scènes où elle sirote...), d'alanguie elle devient furie, lui flanque un coup de tisonnier. Ensuite, le spectateur se focalise sur cette jeune traquée : comment peut-elle s'en tirer ? Maintenant, la presse invite la meurtrière à se dénoncer "contre une aide"... Vitriolé mais aussi très romantique (le gardénia chanté par Nat King Cole, les mouchoirs, et ce joli visage féminin implorant les hommes, une expression qui rappellerait un peu notre Marion Cotillard aujourd'hui) en plus d'une grande qualité de cadrages et de lumière, notamment ce clair-obscur aux moments décisifs, avec des couples sensuels, qu'ils soient enlacés ou retenus au contraire. C'est assez tarabiscoté comme intrigue, pourtant on suit aisément. Bien aimé la malice de Fritz Lang concernant la gueule de bois féminine ici relayée par l'amnésie. Vient la volte-face comme aime en balancer ce cinéaste, ici sur les tout derniers plans, et on se dit "ah oui, c'est vrai, j'avais oublié ces points de détail"