La quintessence du "style" Lelouch qui nous refait à nouveau le coup du film puzzle -aujourd'hui appelé "film choral" (cf. "Les uns et les autres" et "Viva la vie") où s'entrecroisent les destins d'une bonne trentaine de personnages dont les existences, a priori, n'appellent à aucune interférence évidente. Ce n'est pas connaître Lelouch. On fait dans le nombre et le hasard pour faire plus riche et plus convaincant. On assiste à la parfaite illustration d'un cinéma qui privilégie la forme sur le fond. Des personnages sans réelle consistance qui ne servent que de supports à des plasmas existentiels tentant d'illustrer les difficultés relationnelles du Couple dans une schématisation naïve et benoîtement simpliste par-delà son honnêteté mégalomane. Cinéma de la fermeture, de la non-réflexion, du res(senti) primaire qui se suffit à lui-même, alimentant une procession d'images d'Epinal et d'évidences piétinantes. Cinéma du vide, rassurant, imperméable à toute réflexion analytique de fond pour le spectateur "lénifié". La cruelle inconsistance des personnages qui ne sont que des représentations rigides, codifiées (jusque dans leur dénomination dans le scénario) d'affects archétypés pourrait, à l'extrême, permettre l'interchangeabilité des rôles sans que le film en perde son sens ou sa démonstration. Cinéma simpliste, réducteur qui n'est qu'un ressassement de lieux communs, de sentiments connus d'avance, sans mystère ni profondeur.