Résumé
Les oiseaux et les âmes vont là où est leur bonheur...
Film quasi documentaire sur l'existence misérable et délabrée de quelques vieilles personnes, hommes et femmes, dans une région rurale tchèque. Proximité de la nature, conscience d'un vécu au rythme des saisons, mais aussi grande indigence quotidienne. En effet, les conditions de vie, de logement, de subsistance, restent fort précaires et dépoétisent, avec justesse et radicalité, la possible sagesse de ces anciens abandonnés à eux-mêmes. Nous côtoyons ainsi une vieille femme tuberculeuse qui affirme que ses seuls remèdes pour guérir furent l'air pur de la campagne et trois journaliers bols de lait frais de chèvre. Par contre, pour Adam, ravi de montrer d'anciennes photographies, chassé par sa femme et qui vit désormais dans une sorte de rustique débarras, vivre est une joie. Il est vrai que le bonhomme, fortement porté sur le kirsch et le calva, prétend que s'il ne boit pas, il tomberait malade, confirmant le stupide axiome que l'alcool conserve. Un vieux garçon qui reporte toute son affection sur sa chatte Manda, raconte que dans le passé, il possédait des chevaux et que désormais il est souvent malade, chute régulièrement au sol et souffre de vertiges récurrents et de troubles oculaires. Un autre vieux monsieur, visiblement parkinsonien, passe son temps à regarder une étonnante animation de personnages en bois sculptés, actionnés par le débit d'un petit moulin à eau et visiblement de sa fabrication. Tous, lorsqu'on leur pose la cruciale question, de ce qui compte le plus dans leur vie, ne savent pas ou répondent des banalités. Malgré tout, on s'accommode de sa pénible situation, tel cet homme paralysé des pieds, écrasés par une charrette, qui libère chaque matin les animaux de leurs enclos, en avançant sur les genoux ou en rampant. Pour survivre, demeure quelquefois, pour certains, une passion enfouie, comme l'exploration et la conquête spatiales, pour un autre les langues vivantes, pour un troisième, la cornemuse artisanale, évitant ainsi de se laisser envahir par la solitude et la tristesse, comme cette femme, pleurant à longueur de journée, en nettoyant l'église ou en fleurissant les tombes du cimetière. Et pour certains petits vieux, le souvenir de leurs nombreuses affectations militaires ou de leurs conquêtes féminines passées, imaginaires ou réelles, suffisent quelquefois à meubler leur quotidienne détresse, quand il ne reste plus que le chat, la cigarette et l'alcool pour ne pas sombrer.