L'ensemble vaut surtout pour l'aspect pictural (assemblage des couleurs, petite robe rose saumon, très jolie couverture de nuit) et le fait qu'on voyage sans les inconvénients de la fournaise ! Des plans fixes, très larges, aux étonnantes couleurs, ces points minuscules se dessinant sur l'horizon et qui se rapprochent à vitesse réelle, la caravane en marche lente d'un bord à l'autre de l'écran, on situe bien les trois derniers qui nous intéressent... Bien sûr, on pense au cinéma asiatique. A noter aussi qu'on serait assez loin de ce qu'a vécu Françoise Claustre. Le cinéaste, grand reporter en Afrique, voulait transcender l'histoire de cette capture finalement très lâche, la rendre moins âpre qu'en réalité... L'interview de l'otage elle-même révèle une colère sourde pour tous ceux qui l'ont négligée avant l'avion de la délivrance... Quant à l'actrice Sandrine Bonnaire âgée de 22 ans à l'époque du tournage, elle dévoile (bonus au dvd) qu'elle a passé trois mois et demi loin des siens sans téléphone, occupée à beaucoup, mais vraiment beaucoup marcher, très peu dirigée. Avec tous ces états d'âme retransmis à l'image par Raymond Depardon. Une expérience grandiose, mais qu'elle serait incapable de renouveler... A déplorer : l'abondance de séquences vraiment très statiques, ou bien trop pauvres dans leur portée, par exemple ce chant à peine personnalisé "il était un petit navire" entonné de A à Z aux autochtones, alors qu'il existe tant de comptines moins galvaudées ! J'ai beaucoup goûté, en revanche la communication minimaliste que la captive entretient dans son rôle avec l'un des "gardes-du-corps" (ce dernier partagé entre une douceur bienveillante et la rudesse de sa mission, ces subtilités se sentent bien à l'image).