A nouveau, Théo Angelopoulos nous propose une oeuvre étonnante, d'une rigoureuse maîtrise scénaristique, petite merveille d'intelligence et de sensibilité qui ravit l'âme de par la richesse intrinsèque de son art et de son style. Un cinéma précieux, essentiel, entre fascinante contemplation et permanente réflexion, avec une surprenante mise en abyme d'une histoire personnelle et familiale et d'un projet cinématographique en élaboration. Avec en prime trois scènes d'une insolite beauté quasi silencieuse : en introduction, un enfant poursuivi dans des ruelles par un soldat qu'il avait, par jeu, chahuté ; l'arrivée de Spyros au cimetière du village et ses retrouvailles sifflées avec son ami Panayotis et le plan final des amarres enlevées pour une dernière dérive vers l'autre rive, celui de l'ultime exil.