Milos Forman est un de ses cinéastes européens qui ont une particularité assez rare, c'est d'avoir l'œil étranger qui convient pour peindre mieux que les Américains même les États-Unis. Avec "Ragtime", le cinéaste raconte l'histoire, au début du 20e siècle, d'une ville américaine, à travers les tensions multiraciales. Tout bête.Sauf que le film va bien plus loin. Il s'agit d'abord d'une œuvre qui joue sur les stéréotypes des intrigues contre le racisme pour devenir à la fin une œuvre archétype sur ce thème.A travers une mise en scène somptueuse et des personnages tous bien étoffés, "Ragtime", dans toute sa complexité, enchaîne les morceaux d'anthologie. Non pas que le film soit spectaculaire, mais plutôt remarquable dans cette science d'enchaîner les moments forts, où les émotions sont parfaitement identifiées par un spectateur humaniste digne de ce nom. Tout ceci pourrait paraître convenu ou lourdingue, mais c'est bel et bien l'exploit de ce film de procurer sensations fortes avec la plus limpide manière de les monter, de les présenter, de les faire évoluer. Et le film de devenir un portrait précis de l'Amérique, intelligent sans tomber dans le didactisme ou la reconstitution tape-à-l'œil, avec ce fameux Ragtime, genre musical qui me plaît énormément, qui habille l'ensemble et en donne des vertus magnifiques.Un des plus beaux films de Forman, parfaitement interprété et qui en plus se targue d'avoir l'ultime apparition de James Cagney, une dernière fois immense dans son rôle de préfet de police.