Une femme vivant seule avec son fils devenu adolescent et qui, après une visite à son père, qui habite à quelques milliers de kilometres de là en Sibérie, exprime sa décision de vouloir désormais vivre avec son père... Kira Mouratova dépeint avec beaucoup de sensibilité (gros plans, montage en ruptures, noir et blanc, allusions) le drame de cette femme, mère certes possessive (mais non au sens négatif que pourrait impliquer le terme) mais surtout femme dynamique et coquette (elle a largement la quarantaine et l'embonpoint slave). Cette femme qui voit soudain le sol se dérober devant elle, abandonnée par son fils qui était justement sa victoire sur l'homme qui fut son compagnon et le père du garçon. Très belles scènes, au désenchantement en filigrane (la réunion à la campagne), à l'émotion poignante (au concert, la mère qui proteste parce qu'un couple, impassible, leur a pris leurs places durant l'entracte, et qui est obligée de quitter la salle, humiliée; la scène où la mère regarde les diapos envoyés par le père au fils). Après "Brèves rencontres", Mouratova se confirme ici comme une cinéaste de très haut calibre, de la catégorie peu représentée des cinéastes artistes.