"Le film d'un homme libre" avait dit Rossellini. En effet, et qu'ajouter à ce jugement si juste ? "UN ROI A NEW YORK", une allégorie de la propre situation de Chaplin et le regard que porte un exilé du maccarthysme sur l'Amérique tel qu'elle est devenue. Regard sarcastique, à la fois dur et drôle. Sur le cinéma, par exemple : il faut avoir vu défiler ces bandes-annonces qui tournent en dérision les divers genres prisés par Hollywood et par le public (le policier, le mélo, le western, avec cette dernière pique à la panavision (écran large), où l'on voit le Roi et son secrétaire, comme tout le public, suivre le duel entre les deux cow-boys comme s'ils regardaient une partie de tennis (on connaît ce mouvement de la tête caractéristique...) Sur les médias, ensuite : corruption des hommes par la publicité, l'argent, et l'attrait de l'apparition à l'écran, disparition du sens du ridicule. Sur la jeunesse : la truculente visite à l'école "modèle". Sur le maccarthysme et l'aveuglement idéologique de l'Amérique : auditions de commissions, condamnations iniques et lavage de cerveau. Regard sarcastique et aussi regard désabusé, celui d'un homme arrivé au bout de son parcours, d'un parcours libre et digne, le parcours d'un très grand.