Indispensable de se pencher sur la trajectoire de Jean Genet pour pouvoir supporter le sordide global (enfant de l'assistance publique au parcours heurté faute de repères fiables, l'écriture lui permit de renaître). D'autant que Fassbinder n'épargne rien de la complexité de "Querelle de Brest", en martelant bien d'entrée de jeu (voix-off) que les marins flirtent avec la mort. Il est souvent fait allusion aussi (un peu trop ?) au "calibre qui vous situe son homme". Nombreux éclairs pornographiques, pour arriver à une scène très crue, amenée comme une torture mais qui se solde par un bonheur fugace. Car le plaisir doit être douleur ici, le couteau prenant la relève du sexe. Très frustrant pour les spectatrices : Lysiane, épouse de l'aubergiste (Jeanne Moreau), facile et fatale en apparence, sert l'homosexualité de son mari joueur, trafiquant, un drôle de tandem ! Atmosphère sulfureuse, musique rampante, Querelle trouve enfin plus fort que lui, une douceur bienvenue... De belles lumières jaune orangé, parfois écarlates. Tout tourne d'un décor à l'autre, comme au théâtre, une fois le bordel, l'autre fois le bateau, avec une caméra qui balaie large, comme un mirador. Le dénouement, en rétablissant l'équilibre qui manquait, laisse deviner un peu de bonheur durable, ouf !