Dominant les eaux qui ne cessent de monter dans la vallée, transformée en barrage, se dresse la maison d’Ivan Efrejtorov, une modeste bâtisse en torchis, mais soigneusement blanchie à la chaux. Le village gît au fond du lac artificiel ; les habitants de sa centaine de maisons se sont installés à la ville, tandis que Efrejtorov est le seul à n’avoir pas voulu quitter son logis. Avec lui vivent son père aveugle et son jeune fils, Dinko. Le paysan ne se plaint pas ; il estime que ses concitoyens doivent étouffer dans la ville parmi les pierres et le ciment, tandis qu’ici les champs fournissent encore une bonne récolte et l’île au centre du barrage lui permet de se procurer un excellent fourrage pour ses chevaux. Ivan est rude et quelque peu maladroit dans sa sollicitude envers ses proches. Sa femme ne peut plus supporter la vie qu’elle mène et meurt, n’ayant pu obtenir la preuve de l’attachement de son mari envers elle. Elle lui fait jurer sur son lit de mort de respecter son unique désir : de ne pas laisser leur enfant sans instruction. Mais il ne veut pas abandonner les parages où tous les siens ont vu le jour et reste vivre sur le rivage du lac du barrage, avec sa famille. Sa femme meurt et seuls trois hommes demeurent : son père, lui-même et son fils qui, pendant que le film s’égrène, devient un homme. La tragédie de ces gens constitue justement l’essence de l’œuvre. L’enfant ne peut vivre seul loin des gens, de l’école, de ses camarades, de tout. Son père ne veut pas le comprendre. Il a déclaré la guerre aux lois de la société et tient à apprendre à l’enfant de vivre comme lui-même conçoit l’existence. Là réside sa tragédie personnelle.
Source : Matériel de presse