"J'ai vu plus de 400 films entre avril et octobre 2016. Les images qui suivent en sont toutes issues" - Frank Beauvais
Qui donc pourra encore douter, après avoir visionné ces soixante-quinze minutes de rigueur sémantique et de fulminations séditieuses, que le cinéma ne fomente pas des prises de conscience aiguës et virulentes sur l'état du monde et celui, personnel et intime, de sa fragile existence, sans cesse en ébauche et digression. L'époustouflante prouesse artistique s'affirme et s'impose ici dans une habile et subconsciente déconstruction de centaines de plans empruntés à autant de films en tous genres, pour en façonner sa propre narration, sous-tendue par un texte puissant et viscéral, en voix off dénuée d'exaltation facile et circonstancielle. Point de départ, un clap de fin d'une histoire affective qui claquemure le réalisateur dans un isolement peu à peu maladif et malsain, dans les tréfonds mortifères d'un immuable village alsacien aux sempiternelles et primitives certitudes rurales, sans voiture, sans horizon ni embrasure, seulement l'exubérance d'une nature environnante inutile et vaine, sans l'autre présence. Et ce sera, par-delà les insomnies chroniques, la dépression rampante, les médicaments quotidiens que lentement, les sensations, les ressentis et les émotions vont marauder une image, un plan, une vision, et sanctuariser une nouvelle création filmique qu'un impressionnant monologue transfigure sans cesse et sans faille. Ainsi des images souvent hypnotiques sont accaparées par un texte impitoyable et monocorde, virtuose et viscéral, aboutissant à une œuvre certes hallucinée, paradoxalement un rien apaisée.

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