Cité de Bradford, dans l'ouest du Yorkshire, le quartier de Buttershaw était connu, dans les années 1970/1980 pour héberger une population défavorisée et nécessiteuse, cumulant un fort taux d'illettrisme et de chômage, avec souvent comme seuls dérivatifs à une misère quotidienne, l'alcoolisme et la drogue en substituts existentiels. C'est là qu'est née Andrea Dunbar, le 22 mai 1961, qu'elle a grandi, sans quasiment être sortie de cet horizon barré, pour décéder vingt-neuf années plus tard, précisément le 20 décembre 1990, dans un pub de l'endroit, officiellement d'une radicale hémorragie cérébrale. Entre temps, elle a eu tout de même trois enfants, prénommés Lisa, Lorraine et Andrew, de trois pères différents et surtout écrit trois pièces de théâtre, dont l'une fut aussi
adaptée au cinéma, elle qui n'a jamais connu les planches d'une scène ou d'une représentation, même en simple spectatrice. De sa progéniture, souvent prise en charge et en compassion par un couple de voisins compréhensifs, ce fut Lorraine, née d'un paternel d'origine pakistanaise, qui eut le plus de difficultés pour quitter la spirale nauséeuse de la drogue et de la prostitution, après la mort de son rejeton Harris, mort de l'absorption supposée d'une cuillérée égarée de méthadone.