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1:54-2016-
Nationalité : Canada
Titre VO : 1 : 54
Durée : 1h46
Date de sortie en France : 15/03/2017
Genre : DRAME
Themes
Milieu scolaire
- cinéma canadien -
Adolescence
- cinéma canadien -
Réalisation : Yan ENGLAND
Scénario : Yan ENGLAND
Distributeur : ARP Sélection
Visa d'exp. : 145827
Résumé
"Tim, 16 ans, se fait constamment harceler par d'autres jeunes garçons à son école secondaire. Après un événement tragique, l'adolescent décide de prendre les choses en main et de tenir tête à ceux qui le persécutent. Pour ce faire, Tim décide d'utiliser ses habiletés en course à pied afin de vaincre son principal bourreau, Jeff, et ainsi lui prouver sa force et sa ténacité. Il sera aidé dans sa quête par Jennifer, déterminée à faire cesser les gestes d'intimidation. Malheureusement, Jeff possède des outils de persuasion contre Tim qui pourraient bien lui faire abandonner ses ambitions sportives et son désir de vengeance"
Source : Matériel de presse
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Critiques - Commentaires Public
Corps et âme, la « projection » s’accomplit en 1h46 et il n’y a pas une minute de trop dans ce 1er long métrage de Yan England, cinéaste canadien surdoué et séduisant comédien de séries à succès (Buffy, Trauma), mais aussi entraîneur et athlète accompli. Car cette course contre la montre où nous entraîne le jeune Québécois laisse coi. Sonné à bon escient. Pour nous y être nous-même rendu à reculons une semaine avant sa sortie (curieux plutôt de la venue strasbourgeoise d’un réalisateur nommé aux Oscars pour Henry, court métrage de 2011), nous ne voudrions surtout pas que l’affiche et la bande-annonce de cet apparent thriller sportif puisse lui aliéner une part de son vaste public potentiel sous le périlleux prétexte d’amplifier l’impact du choc salutaire qu’il lui réserve. Car, malgré son titre (aussi peu attrayant pour le spectateur que stimulant pour le sprinteur), son sujet de surface (la compétition physique en milieu scolaire) et même ses nappes envoûtantes de musique électro (en l’occurrence finement dosées par Cult Nation), il ne s’agit pas là de recycler quelques « chars » de feu au cœur de la Belle Province. S’il y sera certes question de dépassement de soi et d’abandon passager, de rivalité ou de camaraderie virile, de sueur et de larmes, si on n’ira pas jusqu’à y faire l’économie du haletant 800 mètres décisif (précédé, puis distancé sur le stade par une invisible voiturette de golf-travelling), avec ses deux maudites secondes de trop à gagner coûte que coûte, les clichés attendus ne se pressent, trompeurs, que pour se révéler l’un après l’autre et sans réel espoir de revanche rageusement dynamités. Loin de trahir la sidérante issue de son parcours, il convient ici d’aborder la situation initiale de Tim, lycéen introverti de 16 ans, et son traumatisme moteur. Passionné de chimie, mais peinant à s’agréger à ses cruels congénères sans sporadiques déflagrations, il survit cependant, moins fortifié qu’embarrassé par le regard aimant de son père veuf et d’un copain gay, frileux bouc émissaire de sa classe. Meurtri de n’avoir su empêcher le suicide de ce dernier, aussi spectaculaire qu’inopiné, il va décider de le venger avec les seules armes dont il croit d’abord disposer : ses jambes d’ex-petit athlète en herbe, résolues désormais à ravir ses lauriers au champion de l’école, depuis quatre ans leur harceleur impuni. Entre fureur froide et relents de culpabilité, il pourra également compter sur le farouche soutien d’une blonde gazelle du club que l’arrogance sournoise des petits mâles dominants exaspère. La ferme volonté de Yan England d’instiller en nous un durable malaise se confond avec celle d’épouser presque exclusivement le point de vue tourmenté de son protagoniste ; propice au fantastique (dont on n’attendait guère les fatales manifestations intermittentes, fort réussies), elle n’en traduit pas moins son souci premier d’« être vrai » et d’y travailler sans piperies ni répit. Après trois ans d’écriture solitaire, ses 23 jours de tournage, en pleine période scolaire, parmi les 1200 élèves d’un véritable lycée canadien, firent en effet figure de mise à l’épreuve révélatrice. Laissés dans la scrupuleuse ignorance du scénario pour entretenir la spontanéité parfois effrayante de leurs réactions, il y eut assez de jeunes figurants pour basculer de l’adulation dans l’animosité envers les trois vedettes de leur âge : outre Sophie Nélisse (Voleuse de livres en 2013), leur cadette retenue aux essais pour une gifle bien balancée, Lou-Pascal Tremblay et Antoine Olivier Pilon, amis intimes de longue date dans la vie, auxquels fut interdit de s’appeler par leurs prénoms sur le plateau et de converser entre les prises En svelte meneur, le premier affiche l’insolente beauté du diable face à l’opacité trapue de son partenaire, ici sans « Mommy ». Différemment torturé et au fond plus aimable que dans le film qui le révéla en 2014, le second bouleverse en nouveau souffre-douleur, après son « College Boy » crucifié de l’âpre clip d’Indochine. Mais sans doute Xavier Dolan, leur trop nombriliste réalisateur, aurait-il réduit 1 : 54 à la question de l’homophobie là où son confrère y trouve un simple prétexte, littéralement rêvé, pour prendre au sérieux les « blagues » gratuites d’ados et mesurer – comme Mélanie Laurent dans son suffocant Respire (2014) – les conséquences souvent funestes du harcèlement scolaire. Il nous rappelle aussi qu’« avec les réseaux sociaux, ses adeptes nous suivent chez nous par notre poche arrière ». Frôlant Carrie sans maniérisme dans son œuvre de cauchemardesque immersion, le loquace Yan England espère enfin libérer la parole et se prend à rêver avec nous d’une école qui ne serait plus « la maison du bourreau ».