inconnu(e)
Dans L’Union sacrée (France, 1989), deux flics sont obligés de faire équipe dans une enquête sur un réseau islamiste, qui se finance par toutes sortes de trafics. Le Juif Simon Atlan (Patrick Bruel) et l’Arabe Karim Hamida (Richard Berry) se détestent cordialement. Et pourtant, face à l’intolérance et au fanatisme des méchants islamistes, ils vont peu à peu se lier d’amitié. Dans ce film, le Juif est un peu fou et sympathique, tandis que le flic arabe est sérieux et efficace. Le commissaire, joué par Bruno Kremer, parle à ses hommes dans un langage direct : « Vous devez vous comporter comme des croisés, chargés de défendre le monde occidental ! Avec ces salauds-là, tous les coups sont permis ! » Il faut comprendre ici que, contre les méchants islamistes qui menacent notre belle démocratie multiculturelle, ce sont les Français de souche qui doivent une fois encore aller au casse-pipe. Les islamistes sont évidemment dépeints comme des bêtes féroces. Ecoutons l’un de ces dangereux tarés, dont le réalisateur a surpris la conversation à la terrasse d’un café : « On va transformer la vie de ce pays en cauchemar. Aujourd’hui on tape ici, demain là-bas. Il n’y a pas d’innocents qui comptent. »Simon est séparé de Lisa, son épouse. C’est une goy, une petite Française bien mignonne qui adore les Juifs, mais qui n’a pu supporter la vie avec Simon, trop gosse dans sa tête. Lisa ne le supporte plus ; en plus, comme elle l’explique à Karim, sa belle-mère a fait circoncire son fils alors qu’elle-même n’a jamais imposé le baptême à l’église. Lisa s’occupe de vernissages et d’expositions dans une galerie d’art. Quand un attaché d’ambassade, un certain Rafjani se présente dans l’exposition de tapis qu’elle a organisée, elle n’hésite pas à le sermonner sur le droit des femmes dans son pays. Elles sont comme ça, les Françaises : moralisatrices, donneuses de leçon, et surtout, ouvertes à tous les vents de l’Orient. C’est comme ça qu’on les aime ! Et Lisa, qui a quitté le Juif, va en effet tomber sous le charme de Karim.Mais il se trouve que ce Rafjani est aussi le chef du réseau islamiste ─ comme par hasard. Le quartier général de ce réseau mafieux a enfin été repéré par nos deux super-flics. C’est un pseudo centre culturel. Les islamistes, qui sont vraiment des gens très méchants, y torturent un pauvre Kabyle en lui fourrant un entonnoir dans la bouche et en lui versant deux bouteilles de whisky dans le gosier. A l’intérieur, apprend-on, « c’est un véritable arsenal ; on se croirait à Beyrouth ». Se retrouvant face à Rafjani, notre flic Karim n’hésite pas à lui lancer au visage : « J’ai honte d’appartenir à la même race que toi ! » C’est comme ça qu’on les aime, les Musulmans : divisés, pleins de rancœur et de honte, et prêts à s’entre-tuer ! Rafjani, qui doit être expulsé du territoire, est vraiment plein de haine : « Je me vengerai, dit-il, même si je dois mettre Paris à feu et à sang. Allah Akbar ! »Autre scène : Lisa, notre petite Française bien mignonne, dîne au restaurant avec Karim. Simon, qui est toujours amoureux d’elle, arrive de manière impromptue : « Tu te tapes ma femme en cachette ! » Toujours impulsif, Simon décide de jouer la partie à la roulette russe : « Tu gagnes, tu gardes ma femme ». Très courageusement, il place le canon du revolver sur sa tempe et tire : clic. Karim refuse de jouer à ce jeu stupide et se lève. Le Juif tire alors en l’air, et là, le coup part : « T’es mort, dégage ! ». Karim, ne partira pourtant pas la tête basse et, très dignement, giflera Simon avant de s’en aller. Et l’on note que, dans ce duel terrifiant pour la femme blanche, le juif et l’Arabe savent rivaliser avec panache.Mais les méchants islamistes entendent bien liquider ces deux flics trop consciencieux. Ici a lieu une scène d’anthologie du cinéma français. Le restaurant kasher de la mère de Simon est mitraillé en plein jour, comme à Chicago ! Lisa, grièvement blessée, va mourir à l’hôpital. Au cours de la cérémonie funèbre qui a lieu à l’église, Simon, plein de haine et de vengeance, n’y tint plus et sort précipitamment. La cérémonie religieuse catholique est évidemment perturbée (c’est comme ça qu’on les aime !) et Simon s’enfuit. La scène qui suit nous montre Simon priant à la synagogue, avec la kippa et le châle de prière sur la tête. On entend aussi son père prier pour lui dans le restaurant : « Donne-lui la force, donne-lui la rage ! » Po po po !Le diplomate islamiste est finalement expulsé sans que Simon ait pu assouvir sa vengeance. Devant les caméras de télévision, Rafjani tente encore de se faire passer pour une victime, se plaignant de la dureté de traitement que lui a réservé « la patrie de Voltaire et d’Anatole France, protectrice des opprimés » (ces islamistes sont d’une perfidie !). Fort heureusement, tout ne finit pas si bien pour ce salaud d’islamiste, puisque l’on voit sa voiture exploser dans la nuit, avec la Tour Eiffel illuminée en arrière plan. Le film se termine sur ces quelques lignes qui apparaissent à l’écran : « Simon et Karim ont sans doute rêvé cette vengeance. La loi du talion ne sera jamais une réponse à la violence. Cette histoire est une fiction. La réalité est toute aussi cruelle. » C’est beau, non ? Apparaissent alors les visages du juif et de l’Arabe regardant au loin comme les statues d’un couple de prolétaires soviétiques. Bref, c’est du grand cinéma. C’est signé Alexandre Arcady, qui ne s’est pas foutu de nous. Aïe aïe aïe !