Résumé
Arpentant la rue principale de la petite ville de Sagada, une prostituée qui se présente sous le nom de Jenine Salvador, tente sans cesse de joindre (vainement) au téléphone, une jeune femme se prénommant Hannah. Elle est abordée par un certain Danny Boy qui dit être un souteneur et lui propose de travailler sous sa protection. Elle refuse arguant être capable de s'assumer toute seule. A l'hôtel, un client affirme qu'elle ressemble étrangement à Alberta, la femme d'un compagnon de lutte communiste, aujourd'hui décédé. Un troisième personnage parcourt de long en large les quelques rues de la localité, une religieuse quêtant inlassablement pour les pauvres. Le lendemain, nous apprenons peu à peu la vraie nature de l'étonnant trio : la nonne, de son vraie nom Rina Abad et la péripatéticienne, effectivement Alberta Munoz sont en fait dans une étrange thérapie échafaudée sur le principe des jeux de rôles, censée leur permettre d'apaiser et de surmonter les manques et les souffrances passés résultant de l'absence ou de la perte d'une personne proche. Et le maître d'œuvre de cette orchestration curative, Julian Tomas, n'est autre que le fameux proxénète...
Ce dernier semble mener bien d'autres traitements présentés comme libérateurs, via une demoiselle ingurgitant des pages entières de la bible, mais aussi comme éditeur du manuscrit d'un quidam, Ricardo Hernandez ou dans l'audition d'un groupe de quatre musiciens pop à la cacophonique composition. Sa rencontre avec Alberta, de plus en plus opposée à la thérapie, qui lui reproche sa désinvolture envers Rina, régulièrement submergée par la dépression, surtout depuis que sa fille adoptive Hannah s'est lancée dans la prostitution, après avoir fait partie d'un groupe de théâtre dont les membres étaient de proches ou de loin affiliés à la recherche et à la mémoire des Desaparecidos, ces personnes victimes de disparitions sous la dictature militaire de Ferdinand Marcos. Rina, cloitrée dans une profonde déprime, meurt, provoquant une forte culpabilité chez Julian qui commence à douter du bien-fondé de sa thérapie dont les principes sont désormais accessibles dans un livre en vente, portant le titre de "Melancholia"...
Dans une jungle épaisse et touffue, trois hommes armés, harassés et préoccupés, progressent difficilement, tentant de se frayer un chemin parmi une végétation abondante, évitant les rares chemins et les discrets sentiers, avec visiblement la crainte de se faire débusquer par des soldats selon toute vraisemblance, nombreux et bien renseignés. Parmi eux, Renato, le compagnon d'Alberta, qui, de temps à autre, consigne dans un petit carnet ses impressions du moment et ses indéfectibles sentiments. Rapidement la santé mentale d'un des fuyards s'estompe et il se met à hurler dans une peur panique, signalant ainsi leur présence et provoquant un tir nourri de la part des militaires que l'on ne verra d'ailleurs jamais. Désormais seul, Renato écrit frénétiquement quelques phrases sur des feuilles jetées dans la rivière et l'on suppose, se suicide ensuite. Plus tard, quelques hommes et femmes d'une tribu indigène locale portent les trois corps vers leur village, exécutant un rituel de chants et de danses...
En épilogue, un des protagonistes de la thérapie affirme que Julian est désormais Dieu pour lui, en montrant le monde comme une immense scène et chaque individu comme un acteur, un outil de l'univers créé par Julian qui va finalement refuser de s'accepter, alors même qu'Alberta le considère désormais comme une vaste duperie.