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AMERICAN SNIPER-2014-
Nationalité : États-Unis
Titre VO : American sniper
Durée : 2h12
Date de sortie en France : 18/02/2014
Genres : DRAME / BIOPIC
Themes
Chasse
- cinéma américain -
Représentant(e)s du culte
- cinéma américain -
Milieu scolaire
- cinéma américain -
Armée
- cinéma américain -
Mariage
- cinéma américain -
Enterrements
- cinéma américain -
Milieu médical
- cinéma américain -
Chiens
- cinéma américain -
Guerres au Moyen-Orient
- cinéma américain -
Cimetières
- cinéma américain -
Réalisation : Clint EASTWOOD
Scénario : Jason HALL d'après le livre de Chris Kyle, James Defelice et Scott McEwen
Prise de vues : Tom STERN
Distributeur : Warner Bros Pictures France
Visa d'exp. : 141476
Résumé
C'est après certaines flagrantes déconvenues sentimentales avec sa compagne du moment et quelques déboires dans le rodéo, une activité sportive dont il voulait faire son métier, que Chris Kyle s'est engagé dans l'armée américaine, poursuivant un conséquent entraînement pour être finalement sélectionné dans les Navy Seals, un corps d'élite de la marine où il se fait rapidement remarquer pour son exceptionnelle maîtrise dans le tir de précision. Affecté dans une unité de snippers dont le rôle est de protéger les fantassins sur le terrain des opérations, l'homme devient rapidement incontournable lors de quelques soutiens périlleux qui l'amènent à se retrouver confronté à d'épineuses questions morales, comme devoir abattre un enfant ou une femme s'apprêtant à lancer une ravageuse grenade RKG contre un groupe de soldats yankees en patrouille. C'est durant ses quatre missions en Iran qu'il va peu à peu acquérir le surnom de "La Légende" pour la dextérité et l'efficacité de ses interventions, mais aussi devenir une cible potentielle de premier ordre, avec sa tête mise à prix, et la meurtrière préoccupation d'un redoutable sniper du camp adverse.
Critiques et Commentaires
Critique de Jean-Claude pour Cinéfiches
Note Cinéfiches : 15/20
D'après un best-seller autobiographique, une œuvre intéressante et complexe quant à la dualité de sa narration qui met en scène une massive et pesante imagerie de l'héroïsme et du patriotisme, en partie neutralisée par l'esquisse d'un personnage finalement délabré physiquement et psychologiquement, qui revenu à la vie civile durant les permissions, n'arrive pas à se détacher des aimantations guerrières et du stressant vacarme des déflagrations, une forme de sourde et récurrente toxicomanie aux armes et aux combats. De plus le film fourmille d'invraisemblances logistiques et techniques, comme téléphoner benoîtement à sa bien-aimée en pleine opération militaire, ainsi que de lourds et grossiers relents de xénophobie, avec un ennemi systématiquement décrit comme sournois, barbare et tortionnaire.
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Critiques - Commentaires Public
inconnu(e)
Un super héros comme les Américains savent les mettre en scène ... un film d'action prenant, mais dérangeant car très partial et manichéen. Un manque de finesse et de cohérence parfois, peut-être lié à la volonté de toucher un grand public. 13/20 pour moi, bien que fan de Clint (ou justement, parce qu'inconditionnelle).
inconnu(e)
Difficile de ne pas être mal à l'aise devant la scénarisation trop limpide d'une histoire dont le contexte est encore d'une si cruelle actualité. La structure du récit rappelle un peu DÉMINEUR, en moins sec ; en tout cas c'est du cinéma très efficace. Les Américains font la guerre et leur cinéma construit leurs héros. Sur des sujets aussi graves c'est quand même épouvantable que l'autre côté n'ait pas les mêmes moyens de diffuser son point de vue.
American Sniper, maintes fois Clint le fut à l’écran, en particulier dans l’un des derniers plans du Bon, la Brute et le Truand. Chasseur blanc, cœur noir aussi, façon John Huston. Et d’abord cow-boy, bien sûr, à l’instar de son ultime héros véritable, feu Chris Kyle (1974-2013), deux fois étoilé d’argent, dont l’identité rejoint, par une étrange coïncidence, le prénom de son fils le plus connu, contrebassiste de jazz qui l’escorta gamin en Honkytonk Man. Pan dans le mille, donc, qu’on s’en offusque ou non ! Car si le cinéaste octogénaire enfin raffermi est revenu quasi bredouille de la course aux Oscars (une seule statuette obtenue de plein droit pour le meilleur montage sonore), son 34e long métrage constitue pourtant, selon nous, le meilleur qu’il ait signé – en tout cas, le plus "eastwoodien" (à savoir âpre et ambigu, sans illusions ni concession) – depuis L’Echange en 2008. L’absurde polémique qu’il n’a pas manqué de susciter au sein de l’intelligentsia américaine, puis européenne, pourra surtout rassurer ses admirateurs de la première heure, après trop d’œuvres consensuelles (Invictus) ou inoffensives (Jersey Boys). Occultant l’implacable honnêteté de son propos (confié à Jason Hall, l’adéquat scénariste de Paranoïa, d’après l’autobiographie du protagoniste), elle révèle en outre, chez certains critiques, le poids des préjugés recuits et l’impasse d’une sensiblerie obtuse commodément déconnectée du réel. Or point de message belliciste, ni d’impérialisme triomphant dans le parcours foudroyé, torturé, tristement exemplaire, aussi patriotique que mortifère, de cette "légende" texane contemporaine, forte du plus imposant tableau de chasse de l’histoire militaire des Etats-Unis (255 victimes revendiquées en mille jours sur le sol irakien, dont 160 inscrites au compteur du Pentagone). Qu’importe d’ailleurs si "sa" guerre à lui, voulue par George W. Bush, fut la désastreuse erreur politique que chacun admet aujourd’hui ? "Libertarien" parmi les Républicains, Clint Eastwood se garde ici de toute vaine leçon et s’intéresse davantage aux soubresauts de la conscience humaine qu’à ceux de l’Histoire, à la fierté d’une âme meurtrie qui refuse de se perdre qu’au spectacle complaisant des larmes et des combats extérieurs. La résolution un instant tétanisante du dilemme posé par la séquence initiale, qui coïncide avec le baptême du feu, s’avère d’emblée emblématique d’une morale de l’urgence : celle du choix souvent terrible, mais nécessaire, que la stratégie de victoire impose au tireur Chris Kyle comme au décodeur Alan Turing dans The Imitation Game. Entre la vie d’un enfant ennemi quand il brandit une énorme grenade et le salut de dix frères d’armes adultes, comment hésiter ? Et parce qu’il s’agit là de son coup d’essai, le doigt crispé sur la détente, le sniper prend néanmoins le temps d’attendre, de s’offrir, ainsi qu’à sa cible, la grâce toute humaine de ce sursis presque toujours inutile (un autre môme dans le viseur, plus tard, renoncera de justesse à son attaque). Nous y gagnons pour notre part l’indispensable mise en perspective immédiate d’un long flash-back narrant ses années de formation au cœur d’un Texas rural, pieux et conservateur, depuis l’apprentissage précoce de l’affût (fusil en bandoulière dès sept ans) jusqu’au très rude passage obligé du camp d’entraînement pour Navy Seals (l’acronyme de "Sea, Air, Land") et au mariage avec une jolie voisine de bar, six semaines avant la première des quatre missions où il s’illustrera. Une conception moins manichéenne que tripartite du monde s’y affirme par la voix de son père qui distingue les moutons et les loups, également peu enviables, des chiens de berger auxquels on se doit, quoi qu’il en coûte, d’appartenir. Fidèle à sa vision et révulsé par celles des attentats anti-américains (contre une ambassade en Tanzanie et, trois ans après, le World Trade Center), Chris Kyle en déduira, trop hâtivement peut-être : "Je veux protéger mon pays parce que c’est le meilleur". Non sans confier ensuite à son propre garçon : "C’est une chose grave d’arrêter un cœur qui bat", qu’il appartienne ou non à un prétendu "sauvage" (terme en l’occurrence plus souvent exact, hélas, que malencontreux). Et là réside, dans l’abîme béant entre ces deux assertions, l’entière complexité de l’ex-Maître de guerre (1986), aujourd’hui pacifiste autoproclamé ; du réalisateur qui s’assimilait en 1992 à "celui qui agite le drapeau et continue d’encourager ses troupes à prendre d’assaut la colline". Un homme est parti au front, à plusieurs reprises, et sans remords il en est revenu chaque fois un peu plus absent, taiseux, détruit de l’intérieur, le regard d’un autre bleu, passé de l’azur à l’acier. Deux approches distinctes du genre, deux registres opposés s’interpénètrent ainsi dans la seconde partie du film, frisant par moments la redondance : la rage confuse des combats de rue (parmi les gravats ou sur les toits de Ramadi, Falloudja et Sadr City) rappelle furieusement La Chute du faucon noir de Ridley Scott à Mogadiscio ou, plus proches, les Démineurs conduits à Bagdad par Kathryn Bigelow, tandis que ses séquelles post-traumatiques dans la vie civile convoquent, de façon plus inattendue, Le Retour de Hal Ashby, Né un 4 juillet d’Oliver Stone, Les Jardins de pierre de Francis Ford Coppola, voire L’Echelle de Jacob d’Adrian Lyne. Mais Clint Eastwood aurait-il mis en images les mémoires de son "héros national" déjà controversé (coécrits avec Scott McEwen et Jim DeFelice) si celui-ci ne s’était pas mué en personnage absurde et, de ce fait, plus dévastateur encore, abattu au Texas, sur son champ de tir, par un Américain ? Pis que cela : par un Marine détraqué de 25 ans, Eddie Ray Routh, qu’il espérait pouvoir réinsérer, protéger de lui-même et qui vient d’être condamné le 25 février à une réelle et incompressible perpétuité. Aperçu auparavant dans Jersey Boys, l’étrange Vincent Selhorst-Jones lui prête, sans mot dire, sa frêle silhouette sous le regard appuyé, presque inquiet de l’excellente Sienna Miller (l’épouse à fleur de peau de sa victime), au terme de l’avant-dernière séquence du film. Par contraste avec les nombreux combattants tués sous le fidèle objectif de Tom Stern, l’assassinat nous sera cette fois épargné au bénéfice de la longue procession funèbre (320 kilomètres d’une route bordée d’admirateurs et de bannières sous la pluie) et de la cérémonie d’adieu solennelle au Cowboys Stadium d’Arlington (Texas), pendant le générique de fin. Le choix de pareille ellipse acquiert à l’évidence une aussi puissante valeur que celle, prémonitoire, du contrechamp ralenti qui l’introduit. Pour conserver intact son statut légendaire, sa pleine dignité reconquise d’homme et de "champion", le défunt devait rester debout dans notre esprit et mieux nous faire accepter sa symbolique ascension finale. Il était impensable d’inverser les rôles, de s’en tenir à l’ironie du sort et de compromettre, par le spectacle d’une exécution infondée, la possible rédemption du sniper vertueux. On ne scrute pas impunément un être qui tombe, sans raison acceptable de le faire, même dans l’univers très à part du western auquel, par plusieurs pistes imprévues, ce biopic maussade et quasi testamentaire nous ramène.Issu cabossé du rodéo, tel Bronco Billy en 1980 (l’opus favori du réalisateur, précisons-le), et prompt à dégainer son colt chez lui, par jeu, pour s’y croire encore un peu, Chris Kyle voit sa tête mise à prix (180 000$) en territoire hostile où il traquera jusqu’au distant duel final (une "amère victoire", selon Nicholas Ray), niché derrière les cibles de hasard, son double adverse, le tireur d’élite Mustafa (un ex-athlète olympique campé en silence par l’acteur égyptien Sammy Sheik). Et c’est une mort emblématique de "gunfighter" qui l’attendra au pays sans crier gare : celle de Gregory Peck dans l’épure homonyme de Henry King en 1950 (La Cible humaine ou L’Homme aux abois, au choix des Français), victime "gratuite" d’un jeune émule névrosé du même acabit. Notons aussi que le film s’achève sur la poignante trompette d’Ennio Morricone – le solo de "The Funeral", morceau emprunté à Un Pistolet pour Ringo (1965) de Duccio Tessari. Le cinéphile nostalgique se trouve alors d’autant plus ému que le grand compositeur italien, jamais employé par Clint Eastwood, ne l’avait plus suivi à l’écran après Sierra Torride (1970) de Don Siegel. Et cet air-là résonne fort, en l’occurrence, dans les derniers instants endeuillés d’un film sec qui – fait assez rare pour être souligné – préfère substituer à la musique (hormis le discret "Taya’s Theme", écrit par le cinéaste) un remarquable travail sur le son (entre détonations et grondements d’une très enveloppante tempête de sable), orchestré depuis Invictus par l’ingénieur (et ici unique lauréat) Bub Asman.Absent à l’image, le vaillant patron de Malpaso aurait su jadis parfaitement endosser l’uniforme de son personnage principal, intrépide et déterminé : souvenons-nous de Quand les aigles attaquent (Brian G. Hutton, 1968)… On s’y figurait moins Bradley Cooper, engagé là dans un Very Bad Trip d’une tout autre nature ! Soumis à un régime fortifiant de 6000 calories quotidiennes, il semble cependant rivaliser de vigueur avec son modèle dont il s’est imposé d’adopter, sobre, intense et comme dépossédé de son avenante allure familière, les traits sévères et la massive carrure. A 84 ans, son metteur en scène paraît quant à lui fermer la boucle par procuration : n’avait-il pas fait ses premières armes devant la caméra dans le même corps pour Francis in the Navy (1955) d’Arthur Lubin ? Mais pas une once de comique troupier au menu d’American Sniper qu’assombrit plutôt la gravité croissante d’un combat douteux et sans issue. Michelle Obama, impartiale et lucide dans son soutien au film, y a perçu "un reflet juste de ce qu’endurent les soldats tentant de trouver l’équilibre entre l’amour pour leur famille et pour leur pays". Actualité oblige, certains signes en revanche nous y interpellent, plus dérangeants au fond que le sang versé et la paranoïa à peine contenue : l’appel du muezzin qui d’emblée s’élève au-dessus du sigle noir et blanc de la Warner Bros, la casquette floquée "Charlie" du soldat Chris Kyle (stupéfiant détail prophétique), ce "Boucher" irakien (des Marines et des siens) demeuré insaisissable, cette Amérique brutale et volontiers vulgaire qui, gangrénée par les deux maux complémentaires de la bigoterie et du "politiquement correct", se condamne à fabriquer ses propres monstres. De ce pays qu’il aime pourtant profondément et qu’il représente, après John Wayne, mieux que tout autre, Clint Eastwood semble ici se demander s’il vaut encore la peine d’être protégé – et sauvé. A quel prix surtout et pour quel illusoire ou durable bénéfice ?
Bibliographie