"Le préjugé conduit à la discrimination. La discrimination conduit aussi au préjugé et c'est peut-être un cercle vicieux. Mais il y a quelque chose de très joli à l'égard d'un cercle vicieux : il y a beaucoup d'endroits où l'on peut le couper, et c'est ce qu'il faut faire"
                                                       (Gunnar Myrdal)
Un petit garçon, en route pour l'école, croise un gitan qui joue avec un pigeon apprivoisé, sur un terrain privé, de toute évidence à l'abandon, où l'homme était venu ramasser du bois mort. Arrivé à la maternelle, il raconte à l'institutrice et aux autres enfants, son étonnante rencontre. Les mômes se précipitent aux fenêtres de la salle de classe et aperçoivent effectivement l'homme en compagnie d'une jeune femme borgne qui vient de sortir d'un abri précaire, allumant un vague feu de bois tout en improvisant quelques furtifs pas de danse. Et voilà que surgit un agent de police qui les chasse et détruit leur gîte de fortune. L'enseignante réunit les enfants et leur demande de parler de ce qu'ils viennent de voir derrière la fenêtre. La première question qui s'impose tourne autour de la dénomination des deux personnes entr'aperçues : clochards ou forains ? "Les clochards, c'est pas des Français, c'est des Arabes" affirme une petite voix. Une autre raconte que sa maman ne veut pas qu'elle aille dans la cour, parce qu'il y a des Arabes qui sont méchants. Autre question : "Pourquoi les deux "clochards" ont-ils été chassés" ? Plus tard l'institutrice leur propose de regarder images et photos de gitans pour démystifier leurs craintes et leurs peurs. Quelques enfants improvisent une ronde de forains qui vendent leurs produits artisanaux, d'autres dansent et chantent en tournoyant, imitent acrobates, funambules et dresseurs de chevaux, sans oublier les inénarrables clowns et rejouent la désolante scène policière.

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