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DARK TOUCH-2013-
Nationalités : France / Irlande / Suède
Durée : 1h30
Date de sortie en France : 19/03/2014
Genre : HORREUR
Réalisation : Marina DE VAN
Scénario : Marina DE VAN
Prise de vues : John CONROY
Musique : Christophe CHASSOL
Distributeur : KMBO
Visa d'exp. : 131183
Résumé
"Meubles et objets se rebellent contre les occupants, laissant Neve, une fillette de 11 ans, seule rescapée du massacre sanglant qui a décimé sa famille. Des proches la recueillent et s’efforcent de lui faire surmonter cette épreuve traumatique en l’entourant d’amour. Mais la violence continue de se manifester et Neve ne retrouve pas la paix"
Source : Matériel de presse
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Certes plus atroce et dérangeant dans son film que dans son parcours de cinéaste, le sort injuste qui frappe la bienveillante petite famille adoptive de Dark Touch aura également eu raison de l’atypique Marina de Van. Fidèle au FEFFS comme, cette année, à la plupart des séances lacustres de son vieux concurrent vosgien (fait devenu là-bas assez rare pour être souligné), la très secrète ex-complice de François Ozon n’est-elle pas repartie bredouille du 21e Festival International du Film Fantastique de Gérardmer où son dernier long métrage s’affichait en compétition ? Au moins avait-elle obtenu à Strasbourg la maigre consolation d’une Mention Spéciale pour ce quatrième long métrage qui n’est pas sans rappeler, sous divers aspects, sa précédente réinterprétation vengeresse du Petit Poucet (2012) : une forêt épaisse, une demeure isolée et un enfant intrépide qui fait payer à ses parents le prix de l’abandon dans un cas, celui de la maltraitance dans l’autre. Mais radical, malsain et rageur, Dark Touch l’est peut-être trop, en dépit ou à cause de son emballage soigné, pour s’attirer sans gêne ni scrupules les faveurs d’une récompense, y compris sur les terres du fantastique. Un fantastique qui, d’ailleurs, de son propre aveu, intéresse beaucoup moins la sœur tourmentée des comédiens Adrien et Thomas de Van que le malaise ou l’inquiétude. Car il y a du Polanski au féminin derrière cet être blême et polyvalent (réalisatrice, scénariste, actrice, philosophe et plasticienne), diplômée de la FEMIS en 1997 : celui de Répulsion et du Locataire, bien sûr, mais aussi de ses œuvres plus académiques. N’échoua-t-elle pas à l’oral des Beaux-Arts parce que le jury, cette fois, l’avait trouvée paradoxalement "trop classique" ? Le conte funèbre et cruel qu’elle nous livre aujourd’hui ne s’avère pas pleinement abouti, surtout si on le compare à Dans ma peau (2002), son long métrage initial fort maîtrisé (dont elle était de surcroît l’héroïne autophage) ; il ferait cependant presque oublier le luxueux revers de Ne te retourne pas, son « cauchemar » cannois (sic). Situé dans la pluvieuse campagne irlandaise, il constitue en l’occurrence son premier film en langue anglaise et s’ouvre donc sur un prologue pétri de références gothiques, malgré la modernité du propos. Après avoir sauté par la fenêtre, une fillette hurlante et court-vêtue s’y enfuit dans les bois, sous l’orage, pour trouver refuge chez des voisins qui vont généreusement la recueillir, pour leur propre malheur. A l’hystérie viscérale de cette séquence liminaire succède en effet un flash-back explicatif du plus mauvais augure puisqu’on y assiste à l’incendie de la maison désertée et au massacre grand-guignolesque des parents naturels (sinon légitimes), furieusement assaillis et transpercés par les meubles et les objets tranchants de leur quotidien. Or il y a certaines méprises tragiques qu’un regard d’enfant blessé suffit à engendrer : des incidents similaires ne tarderont donc pas à se produire au sein du chaleureux foyer de substitution, puis dans le cadre scolaire et amical, jusqu’au tétanisant supplice du couple adoptif et à l’immolation finale. La Carrie de Brian De Palma avait déjà trouvé dans la télékinésie un effrayant vecteur de vengeance et Neve, sa cadette, semble avoir bien compris la leçon qu’elle applique même par procuration, au détriment de toutes les petites pestes de son établissement. Coïncidence : à âge égal, mais hors compétition à Gérardmer, la très pénétrante Anna (Taissa Farmiga, fille de Vera) usait également de ce don dans Mindscape de Jorge Dorado, quoique en pure perte pour la plupart des spectateurs. Ici en revanche, Marina de Van imprime en nous quelques scènes hautement singulières comme l’auto-combustion induite d’un cercle de poupées maltraitées pendant une dînette d’anniversaire, sur le gazon, ou bien l’effondrement nocturne de l’école où tous les élèves de la classe auront été conduits en file indienne – tels les enfants du fameux Joueur de flûte de Hameln – et enfermés dans leur salle. Missy Keating , onze ans, assume son rôle de petit ange exterminateur avec ce qu’il faut d’aplomb et de fausse innocence. La fille de Ronan Keating (le chanteur survivant du groupe Boyzone, créé à Dublin en 1993) n’est pourtant pas l’unique atout de la distribution, dominée par un attachant duo d’acteurs irlandais, réunis plus tôt au générique de la saga des Tudors (où ils interprétaient George Boleyn et la Duchesse de Suffolk) : Padraic Delaney et Marcella Plunkett. Cette brune aux yeux clairs, révélée en 2006 par la bohème dublinoise du Once de John Carney, vibre d’émotion contenue et nous emporte, en sens inverse, vers un idéal d’attentive douceur que nous n’eussions d’abord pas songé atteindre dans Dark Touch, ni dans le cinéma de Marina de Van en général. Las ! Son absurde saccage conclusif paraîtra dès lors d’autant plus gratuit qu’il s’aligne en somme sur les déplaisantes outrances d’un genre horrifique américain auxquelles la réalisatrice s’est toujours bien gardée de vouloir souscrire.